le mercredi 5 novembre 2003

Construction d’un barrage

Le BAPE accepte le projet de la Pikauba

Québec – Le Bureau d’audiences publiques en environnement donne son accord au projet de régulation des crues du lac Kénogami par la création d’un réservoir en amont.

Mais dans le but de concilier la protection de l’environnement avec celle de la population, le BAPE et la commission d’examen conjoint (du gouvernement fédéral) recommandent que le futur réservoir Pikauba soit géré à un niveau de cinq mètres inférieur à celui proposé par le promoteur Hydro-Québec (412,7 m au lieu de 417,7 m), et suggère également une variante de stabilisation du lac Kénogami plus souple offrant une plus grande marge de manoeuvre aux gestionnaires de l’ouvrage.

Pour les auteurs de l’étude, il ne fait pas de doute qu’un ouvrage en amont est la seule solution pour gérer une crue majeure affectant le lac Kénogami.

Sinon, il faudrait le maintenir à un niveau très bas en été, limitant les usages pour les plaisanciers, et cette solution ne pourrait, de toutes façons, être utiles en cas de crue printanière car le lac y est déjà très bas.

Ces travaux en amont, suggère le BAPE, doivent être complétés par d’autres mesures avancées lors des audiences, à savoir le rehaussement des digues et des points bas au pourtour du lac Kénogami, de même que l’augmentation de sa capacité d’évacuation pour le creusage d’un seuil dans la Rivière-aux-Sables. « La mise en place d’un système de gestion prévisionnelle amélioré augmentera également la sécurité publique », ajoute le document.

Écologistes

En recommandant d’abaisser de cinq mètres le niveau de gestion du réservoir Pikauba, le BAPE rencontre la plupart des objections formulées par les opposants au projet. En effet, note le rapport, la vallée de la rivière Pikauba est reconnue non seulement pour sa richesse biologique, notamment ses milieux humides et sa grande diversité faunique, mais également pour ses activités récréo-touristique (chasse, pêche, canot et kayak).

Or, cette baisse du niveau de gestion permettra d’épargner 93% de la superficie des milieux humides situés dans les méandres de la rivière, de sauvegarder 14 kilomètres de son cours où sont situées de nombreuses frayères d’Omble de fontaine, de conserver une importante aire d’alevinage et d’alimentation du poisson et de préserver l’habitat de l’orignal.

Lac Kénogami

Selon le rapport, maintenir le réservoir Pikauba à la cote n’excédant pas 412,7 mètres fera passer sa superficie de 15,6 à 6,5 kilomètres carrés, impliquant une gestion plus souple du lac Kénogami en période estivale pour concilier les besoins des riverains, des producteurs d’hydroélectricité (Elkem et Abitibi-Consol) et protéger les berges de l’érosion.

Au lieu de gérer le lac au niveau de 114 pieds plus ou moins quatre pouces comme le suggérait le promoteur (actuellement, le niveau du lac en période estivale doit osciller entre 112,5 et 113,5 pieds), la commission recommande donc une stabilisation au niveau moyen de 113,5 pieds avec des variations normales se situant entre 112,8 et 114,5 pieds, et la réduction du débit minimum de 42,5 mètres-cubes à la seconde sortant du lac Kénogami lorsque son niveau se situe sous la cote des 112,8 pieds.

En outre, la période de gestion estivale s’étendrait jusqu’à la mi-octobre.