le mardi 8 septembre 1998

Bassin du lac Kénogami

Hydro-Québec peaufine sa proposition

Parc des Laurentides – La société d’Etat Hydro-Québec met une dernière main à la proposition qu’elle déposera au gouvernement du Québec afin d’apporter une solution permanente et sécuritaire pour la gestion du bassin hydrographique du lac Kénogami.

Hydro-Québec avait reçu le mandat du gouvernement du Québec d’analyser les différents scénarios qui pourraient permettre de contrôler les crues majeures dans le bassin versant du lac Kénogami, tout en y joignant des équipements de production d’électricité afin de financer en partie la construction des digues, barrages et autres infrastructures nécessaires à la gestion des niveaux d’eau et des crues.

Selon Daniel Rivard, directeur de production chez Hydro-Québec, il est important de préciser dans un premier temps que l’aménagement des bassins de la rivière aux Ecorces et de la rivière Pikauba, suivant la commande gouvernementale, ne peut être comparé à un projet dont l’objectif ultime est de rentabiliser la production d’électricité.

La politique

«Hydro-Québec, normalement, doit suivre une politique selon laquelle dans ses projets de construction, le coût de reviens de l’électricité est en dessous de 3 cents le kilowatt-heure. Dans le dossier à l’étude pour les deux rivières visées par le projet, rien n’assure que nous puissions en arriver à ce principe. Notre proposition, et le gouvernement du Québec a été formel, a comme premier objectif la sécurité publique et en second lieu la production d’électricité», explique l’ingénieur.

Scénarios

Pendant la période estivale qui vient de prendre fin, Hydro-Québec a procédé à des relevés sur le territoire. Ces relevés avaient pour objectif d’analyser plus en profondeur les scénarios présentés par la firme Génivel-BPR pour le compte du Comité de bassin du lac Kénogami. L’ingénieur chargé du projet affirme que des modifications aux scénarios présentés par la firme sont nécessaires en raison de la composition du sol.

Au départ, il était question d’un projet de deux réservoirs et du même nombre de centrales sur les rivières Pikauba et aux Ecorces. Le complexe aurait permis d’aménager une puissance installée totale de l’ordre de 50 à 60 mégawatts. Hydro-Québec n’a pas rejeté complètement cette solution mais Daniel Rivard confirme qu’une nouvelle alternative sera inévitablement présentée dans la recommandation au gouvernement du Québec.

Une seule centrale

«Selon ce que nous avons relevé sur le terrain, nous croyons possible d’en arriver à un scénario d’une seule centrale avec un réservoir. Il serait possible de détourner, via un réseau de digues, la rivière Pikauba dans le réservoir principal de la rivière aux Ecorces. La seule centrale serait une centrale de tête de réservoir dotée d’une puissance d’un peu plus de 50 mégawatts contrairement aux centrales plus connues de Pont Arnaud et Chute Garneau qui sont des centrales au fil de l’eau», affirme Daniel Rivard.

Dans sa commande à la société d’Etat, le gouvernement du Québec a exigé que la sécurité constitue le premier critère d’évaluation. Daniel Rivard considère qu’il serait possible d’en arriver à un complexe tout aussi sécuritaire avec un seul réservoir au lieu de deux réservoirs et deux centrales.

«Evidemment, c’est une question de coût. Il est plus économique de construire une seule centrale que deux centrales. Il faut tenir compte de l’entretien et des opérations après la mise en eau des réservoirs», spécifie l’ingénieur.

Construction

En devenant maître d’oeuvre du projet, Hydro-Québec devra déposer en plan de gestion des réservoirs. La gestion, après la construction, sera garante du niveau de sécurité d’une grande partie du bassin versant du lac Kénogami.

Dans cette optique, explique Daniel Bédard, il faut référer aux conclusions de la Commission scientifique et technique sur les barrages. Les réservoirs d’amont deviendraient une sorte de marge de sécurité où Hydro-Québec pourrait accumuler une crue très importante tout en ouvrant les vannes du lac Kénogami.

«Il s’agit d’un système qui donnerait la possibilité d’aplanir la crue importante. On diminue le niveau du réservoir d’aval pendant que les réservoirs d’amont emmagasinent une partie de la crue pour ensuite libérer cette quantité d’eau dans le réservoir d’aval qui a été baissé de façon suffisante à accueillir l’eau accumulée en amont.»

Avec l’application de ce principe de gestion, Hydro-Québec devra faire des compromis sur la rentabilité de la production de sa centrale. C’est ce qui explique la difficulté technique d’en arriver à un coût de construction inférieur à trois cents le kilowatt-heure.

Le choix de la sécurité comme priorité aura ainsi une répercussion sur la configuration des ouvrages. On parle ici de réservoirs de capacité importante d’accumulation qui seront gérés à des niveaux plus bas que s’ils étaient essentiellement des réservoirs utilisés pour la production hydroélectrique.