La solution passe par un autre barrage


le vendredi 7 novembre 1997

Gestion du lac Kénogami

La solution passe par un autre barrage

Il devient de plus en plus évident que la solution au problème de gestion du lac-réservoir Kénogami passe par la construction d’un ouvrage de retenu dans la réserve faunique des Laurentides.

Mardi soir, les 19 membres du comité provisoire de gestion ont mis de côté les hypothèses reliées à la construction d’exutoires où on pourrait évacuer les surplus d’eau que recevrait le lac Kénogami en cas de crue maximale probable, et demandé au consultant, qui leur en avait d’ailleurs fait la recommandation dans son second rapport d’étape déposé une semaine plus tôt, d’examiner plus à fond celle visant à construire un barrage en amont.

Avant de se tourner vers cette hypothèse, la firme Génivel/BPR/Tecsult, qui a été mandatée par le comité de gestion pour étudier les différents scénarios, a tout d’abord éliminé d’autres hypothèses qui avaient été avancées pendant la commission Nicolet sur l’aménagement d’exutoires.

En fait, compte tenu de la prémisse d’une crue maximale probable décamillénaire de 5200 mètres-cubes/seconde, soit le double des inondations de juillet 96 (2780 m3/s), la construction de tels exutoires n’est pas rentable ou difficilement réalisable.

«Au départ, on prend pour acquis que les barrages de Portage-des-Roches et de Pibrac sont en mesure d’évacuer 2500 m3/s. Cela laisse donc 2700 m3/s à sortir par un exutoire», reprend Paul Ruel.

Or, pour passer un tel volume, il faudrait que l’exutoire ait entre 100 et 150 mètres de largeur. Utiliser la Belle-Rivière, comme on y a songé, aurait signifié la perte d’une trop grande superficie de bonnes terres céréalières à Hébertville, sans compter que le sol à cet endroit est trop friable pour résister à de telles trombes d’eau. De plus, la digue Ouiqui à Hébertville est très haute, ce qui suppose qu’il faudrait aménager un déversoir en escalier pour l’exutoire et enfin, il y aurait danger de contamination de la nappe phréatique, ce qui mettrait en péril la firme d’eau de source embouteillée Mésy.

L’autre exutoire potentiel, qui aurait passé par le ruisseau Jean-Deschêne, représente d’autres désavantages majeurs, comme de faire une balafre de 150 mètres de large dans le secteur Arvida, et il faudrait réaménager la digue Creek-Outlet qui ne peut, actuellement, laisser passer 2700 m3/s d’eau.

De plus, le sol par où passerait l’exutoire est argileux et présenterait donc un trop grand risque d’érosion et il faudrait contourner l’usine d’épuration de Jonquière pour déboucher dans le Saguenay.

«Imaginez ce que représenterait un tel ouvrage qui devrait être capable de laisser passer 25 fois plus d’eau que ce qu’on a eu en juillet 96 dans le secteur», ajoute Paul Ruel.

Un tunnel?

Deux autres hypothèses n’ont pas eu plus de chance.

Celle d’un immense tunnel entre le lac Kénogami et le Saguenay aurait nécessité une excavation souterraine de 11 kilomètres de long et de 20 mètres de diamètre, un travail colossal qui aurait généré 3,5 millions de mètres-cubes de déblais et un débours d’environ 180 millions $ s’il n’y a pas d’imprévu.

«En plus de coûter très cher, cette solution représente un risque en cas de tremblement de terre», commente Paul Ruel, ajoutant que ce tunnel n’apporte aucun avantage en compensation comme la production hydroélectrique ou une aide pour la gestion du laccomme le ferait un barrage.

Enfin, la dernière solution consistant à hausser les barrages et les digues pour garder la crue maximale probable dans le réservoir Kénogami n’aurait aucun sens puisque les ouvrages actuels devraient alors être haussés de cinq mètres. Cela veut dire qu’en cas de crue, les municipalités de Larouche et de Lac-Kénogami disparaîtraient de la carte.

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