Dimanche 4 Septembre 2005
Niveau du lac Kénogami
Elkem avoue son impuissance
Vendredi matin, la direction d’Elkem métal convoquait la presse pour faire le point sur le niveau dangereusement bas du lac au plus grand dam des riverains incapables de s’y promener en bateau. Mauvaise nouvelle pour ces derniers, Elkem avoue son impuissance à les satisfaire.
La direction est claire là-dessus : ce n’est pas à Elkem à régler le problème d’eau du lac. Ces dernières semaines, on a cassé du sucre sur le dos de cette compagnie qui exploite une centrale électrique sur la rivière Chicoutimi. De par sa « voracité » à exiger, comme son contrat avec le gouvernement du Québec le stipule, un débit minimal garanti de 42,5 mcs, on l’accuse d’être responsable du bas niveau du lac en cette saison. Le point de vue de la compagnie est différent et on pointe plutôt le nouveau plan de gestion estivale, en vigueur depuis 1997. Pour régler le problème, il faudrait que le gouvernement accepte de revenir au niveau d’avant le déluge (164,5) et décide de construire un barrage sur la Pikauba, sinon la population vivant autour du lac Kénogami, risque de souffrir du manque d’eau. En fait, depuis neuf ans, il n’y a que deux années où on est parvenu à respecter le niveau minimum.
Lourdes pertes
Elkem veut bien se comporter en bon citoyen corporatif, on comprend l’exaspération des gens mais il y a une limite à perdre de l’argent et il y a derrière tout ça un aspect concurrentiel. Si Elkem s’est installé du Chicoutimi en 1967 (Union Carbide à l’époque), c’est parce qu’il y avait l’avantage de ressources hydroélectriques à bon marché, analyse Pierre Gauthier et Jean Villeneuve, directeur ingénierie et entretien.
« Depuis 1997, nous perdons beaucoup d’argent à cause du nouveau plan de gestion, plusieurs dizaines de millions de dollars. De-puis le 4 juillet, nous produisons de l’électricité à la moitié de notre capacité et à seulement 27% depuis le 25 août étant donné la saison exceptionnellement sèche et l’arrêt de production de la centrale d’Abitibi. Il nous faut donc acheter beaucoup plus d’électricité à Hydro-Québec et ça coûte quatre fois plus cher que la nôtre. Dans ces circonstances, vous comprendrez que l’usine ne rencontre pas ses objectifs de profit. S’il fallait que le bail ne soit pas reconduit, les 60 emplois de l’usine seraient en danger…