Jean Tremblay doit lui aussi adapter son discours


le Mardi 4 juillet 2006

L’humeur du temps

Jean Tremblay doit lui aussi adapter son discours

Le maire Jean Tremblay est populaire, sensible au quotidien de « ses » citoyens, dépourvu de langue de bois, prêt aux échanges vigoureux. Il a aussi le revers de ses qualités: impétueux, contrôlant, intimidant par moment.
On s’attendait à ce qu’il se réjouisse de la signature d’une longue convention collective entre Alcan et son syndicat le plus combattif. Au lieu de cela, il qualifie l’Alcan de « pas facile », minimise le 300 millions de dollars d’investissements promis pour le Complexe Jonquière, le met en doute, et réclame qu’Alcan paye des taxes sur ses barrages…
Alors que chacune des parties se félicitait du début d’un temps nouveau, le commentaire sceptique et cynique de Jean Tremblay tombait dru, au risque de refroidir le siège social de la compagnie, amadoué par l’entente.
Ce n’est guère enthousiasmant pour un promoteur de se faire recevoir publiquement par « je le croirai quand je le verrai » et « 300 millions, c’est rien par rapport à ce qu’on vous donne »…même si le maire le pense!
Si le moment était mal choisi pour maugréer, il a cependant raison sur certains points. Le syndicat a sacrifié ses principes et ses revenus; la balle est entièrement dans le camp d’Alcan. Cependant, elle protégera l’avenir et les rentes de chacun de ses 1850 employés actuels, ce qui préserve salutairement Jonquière du gâchis sauvage vécu à La Baie.

Taxes sur les barrages

Jean Tremblay reluque des taxes pour les barrages. Selon lui, l’avantage énergétique d’Alcan est annuellement plus gros que les investissements promis. C’est cependant ce qui a fait de la région ce qu’elle est.
Le gouvernement non plus ne paie pas de taxes sur son barrage de Portage- des-Roches. C’est lui qui peut changer la loi et c’est à lui qu’il faut adresser les récriminations, mais en protégeant l’avantage concurrentiel du Saguenay par rapport au reste de la planète. Si, grâce à cela, Alcan laisse plus d’argent dans les poches de chacun de ses travailleurs, la région s’enrichit, mais sans passer par les fonds publics.
Le syndicat a bien compris que le Saguenay aurait tort de faire la guerre au géant. Le maire vient d’accorder un rabais de taxes à Alcan pour les 50 emplois de la future usine de recyclage des brasques. L’a-t-il fait de mauvaise grâce pour être aussi ronchon devant la perspective d’un investissement majeur au Complexe Jonquière ?
Le maire a le même ton belliqueux avec Elkem Métal, dont il veut nationaliser le barrage. La compagnie, dont les besoins électriques vident goulûment le lac Kénogami l’été, prétend en avoir besoin pour rester concurrentielle. Le maire évalue cet avantage à plus de 100 000 $ par année par emploi, et ne croit guère aux menaces de fermeture si la ville prend possession du barrage, forçant ainsi Elkem à acheter son électricité à Hydro.
Or, si ses calculs sont exacts, le trou foré dans les finances d’Elkem serait abyssal. Quand Wal-Mart et Abitibi-Consol ont fermé, les incrédules étaient légion. En levant le nez avec désinvolture sur les 75 emplois d’Elkem Métal, quel message passe-t-il aux promoteurs?

Des sparadraps sur une fracture

La solution pour le lac Kénogami est définie par les experts depuis belle lurette. Il s’agit d’un réservoir de rétention, en amont, dans le parc. Le gouvernement libéral a écarté ce projet avec une légèreté déconcertante. Le creusage de la rivière aux Sables, le maintien du lac à 113 pieds, ne sont que des sparadraps sur une fracture.
La ville est maintenant propriétaire de deux barrages sur la rivière Chicoutimi. Elle veut développer sereinement le lac, et empocher les taxes des maisons cossues qui bonifieront si le niveau du lac est assuré. Les turbines d’Elkem ont besoin de 24 mètres cube par seconde pour assurer leur bon fonctionnement. L’électricité excédentaire envoyée dans le réseau fait le bonheur d’Hydro. Toutes ces parties ont avantage à ce que les barrages de la rivière Chicoutimi tournent. Elles devraient relancer le projet Pikauba qui reste la seule vraie issue.
Entre-temps, Hydro pourrait troquer à Elkem l’électricité qui lui manque pendant qu’on maintient le niveau du lac l’été, contre de l’électricité que la ville et Elkem lui rendraient plus tard dans l’année.
Avec un ton plus agressif que conciliant, le maire prétend qu’il se tient debout face à ces compagnies qui nous exploitent! Bien que séduisant, c’est là un discours passéiste auquel même le syndicat d’Arvida vient de renoncer…

Retour au blogue

Ce site utilise des cookies afin d'améliorer votre expérience de navigation. Pour plus de détails, ou pour voir comment désactiver ces cookies, veuillez consulter notre Politique de protection des données.

Accepter