le lundi 4 août 2003
Construction d’un barrage
Le BAPE tente de trouver la solution du lac Kénogami
Bonne nouvelle ! Québec et Ottawa poursuivront, ensemble, demain soir, au Holiday Inn de l’arrondissement de Jonquière, l’examen du projet de régularisation des crues du lac Kénogami.
L’intervention d’un envoyé du fédéral, aux premières audiences publiques tenues en mai dernier, par le BAPE, l’organisme chargé de mener des enquêtes « sur les projets susceptibles d’engendrer des impacts sur l’environnement et la qualité de vie des Québécois », avait suscité de vives appréhensions chez les riverains de Laterrière et de Jonquière dont les propriétés ont été inondées par les débordements du lac-réservoir Kénogami, en juillet 1996.
Simon Trépanier, le représentant de Pêches et Océans Canada, avait alors rappelé le droit de regard que détient le gouvernement canadien sur les cours d’eau. Le spectre d’une de ces sempiternelles chicanes de juridiction est alors apparu, avec ses conséquences désastreuses, dans l’imagination de tous les Saguenéens qui vivent le long des rivières aux Sables et Chicoutimi.
Mulcair s’implique
Le nouveau titulaire québécois de l’Environnement, l’avocat Thomas J. Mulcair, qui a la réputation d’être rigoureux et efficace dans l’administration des dossiers confiés à sa compétence, a rapidement indiqué sa volonté de mener rondement cette affaire. Il a trouvé une oreille attentive chez son collègue fédéral, David Anderson. Un communiqué nous apprend qu’après analyse de la situation, les deux ministres se sont entendus pour procéder conjointement à l’examen des travaux de prévention entrepris par Hydro-Québec, à la demande de l’ancien gouvernement péquiste. Ottawa a délégué son spécialiste Claude-E. Delisle aux prochaines séances régionales du BAPE. Il siégera aux côtés de la présidente Claudette Journault et du commissaire Michel Germain.
Cocktail explosif
Ces audiences publiques suscitent le plus grand intérêt car elles visent essentiellement à concilier une multitude d’intérêts divergents regroupés sous quatre grands thèmes : la sécurité des riverains, l’alimentation de deux centrales hydroélectriques, les activités récréo-touristiques et la protection de l’environnement.
Les variations du niveau d’eau du lac Kénogami jouent, durant la période estivale, sur l’humeur des citoyens établis autour de ce merveilleux plan d’eau et des vacanciers qui veulent, avec raison, savourer les joies d’un été toujours trop bref dans un décor envoûtant. Elles suscitent, par contre, les plus grandes inquiétudes chez les riverains demeurant en aval du Portage-des-Roches qui, même s’il a résisté aux pressions énormes du Déluge de 1996, n’a pu empêcher l’inondation d’une multitude de propriétés situées plus bas, dont la Pulperie, évidemment, et le quartier du Bassin.
La rivière Chicoutimi absorbe les deux-tiers du déversement du lac Kénogami pour faire tourner les turbines d’Elkem Metal. L’autre tiers s’écoule dans la rivière aux Sables. Il y génère les kilowatts d’Hydro-Jonquière. Mais lorsque le seuil majeur d’inondation est atteint, ce partage ne tient plus, précise le rapport froidement technique du « Comité administratif du génie et de l’urbanisme de Ville Saguenay », signé par son président, le conseiller Jean-Marie Beaulieu, l’ancien maire de Laterrière. C’est ce document qui résume la pensée des autorités municipales aux audiences publiques du BAPE.
La seule solution acceptable par toutes les parties, Québec en a annoncé la réalisation le 11 juin 2000 dans une conférence de presse donnée à Chicoutimi par l’ancien premier ministre Lucien Bouchard et le titulaire des Ressources naturelles, à l’époque, Jacques Brassard. C’est le programme de régularisation en trois phases comprenant la construction d’un réservoir tampon sur la rivière Pikauba.
Des travaux qui seront défrayés et exécutés par Hydro-Québec. Le gouvernement aurait souhaité l’aménagement d’un deuxième ouvrage de rétention sur la rivière aux Écorces. La coalition amérindienne-association de chasse et pêche s’y est opposée. Avec le barrage qu’elle érigera sur la Pikauba, Hydro-Québec pourra néanmoins gérer 30 pour cent du volume d’eau emmagasiné dans le lac Kénogami.
Quelque 25 millions de dollars ont déjà été consacrés au projet. Le gros de l’ouvrage coûtera plus de 150 millions. Le BAPE devrait en recommander rapidement la réalisation car les Saguenéens ne pardonneraient pas aux responsables les conséquences d’un autre imprévisible épanchement de Dame Nature.