le mardi 29 juin 1999

La balle dans le camp du gouvernement

Le comité provisoire avoue détenir la solution

Laterrière – Les membres du comité provisoire du lac – réservoir Kénogami et des rivières Chicoutimi et aux Sables affirment que même si chaque groupe représenté (citoyens, municipalités, grandes compagnies) a des motivations bien différentes, ils ont réussi à s’entendre sur une solution qui fait l’unanimité pour la sécurité de tout le monde. La balle est maintenant dans le camp du gouvernement québécois, qui tarde à annoncer ses actions.

«Même à l’intérieur des réunions du comité, il y a eu des chicanes qui nous ont permis d’arriver à quelque chose de positif, c’est-à-dire la construction de barrages en amont du lac Kénogami. Abitibi-Consol et Elkem Métal prennent de l’eau dans le lac Kénogami, les citoyens de ce lac ne veulent pas, et les gens des autres rivières ne souhaitent pas que l’eau arrive trop vite. Nous sommes cependant arrivés à un consensus mais il n’y a pas d’avancement», explique le porte-parole de l’Association pour la protection du lac Kénogami, Louis Pilote.

Même son de cloche chez les maires des municipalités de Larouche, Laterrière et Lac-Kénogami, qui doivent gérer les inquiétudes exprimées par les citoyens. Le maire de Larouche Réjean Lévesque a affirmé que maintenant que le danger d’inondations est connu, les politiciens du gouvernement du Québec n’ont plus d’excuses. «Les mesures mises en place atténuent le problème mais elles mécontentent les villégiateurs et les industries, et elles ne sécurisent personne. Il faut que les citoyens sachent qu’il y a quelqu’un, quelque part, qui bloque les solutions».

Pour sa part, Jean-Marie Beaulieu, premier magistrat de Laterrière, a mentionné que la seule façon de régler l’ensemble du dossier serait de construire des ouvrages de retenue en amont du lac Kénogami. Cette solution satisferait les producteurs d’énergie, les villégiateurs et les riverains.

Pierre Gauthier d’Elkem Métal a expliqué qu’en tant que représentant d’une compagnie utilisatrice de l’eau du réservoir du lac Kénogami, il constate que le plan de gestion actuel ne permet pas de régler les problèmes de sécurité et qu’il faut envisager une solution à long terme. «Le déluge de 1996 a fait mal à beaucoup de monde et nous a fait mal à nous aussi. Je suis déçu de voir qu’il n’y a pas eu d’annonce comme prévu».

Germain Tremblay d’Abitibi-Consolidated est allé dans le même sens en demandant au gouvernement une réponse le plus tôt possible.

Chez les citoyens

Les représentants du Comité des citoyens de Laterrière avaient aussi leur mot à dire hier. Réal Lajoie raconte que les gens sont inquiets parce que le problème de sécurité est passé de potentiel à réel. Il remarque que l’anxiété des gens monte rapidement dès qu’il y a un coup d’eau. Gilles Potvin ajoute qu’en 25 ans il a répertorié 12 inondations, mineures et majeures, à Laterrière: «Ce n’est pas d’aujourd’hui que nous sommes menacés dans nos bien et surtout dans notre sécurité physique. Il est temps que ça cesse».