le mardi 29 juin 1999
Sécurité des villégiateurs et riverains
Ruel dénonce l’attitude de Brassard et Bégin
Laterriere – Le Comité provisoire du lac réservoir Kénogami et des rivières Chicoutimi et aux Sables exhorte le gouvernement du Québec a annoncé «dans les plus brefs délais» la solution retenue pour sécuriser les villégiateurs et résidents en aval.
Dans une conférence de presse extraordinaire – qui a fait consensus parmi tous les partenaires – ledit comité a prié les ministres Jacques Brassard (Ressources naturelles) et Paul Bégin (Environnement) de fixer une date d’annonce pour les ouvrages de contrôle de débit dans la réserve faunique des Laurentides.
Président du comité, Paul Ruel, a dénoncé l’attitude de MM. Brassard et Bégin, qui n’ont pas respecté leur engagement de rendre public avant le 24 juin la solution qu’ils ont choisie pour éviter qu’il se produise une autre catastrophe comme celle de 1996. Par conséquent, il les invite à sortir de leur mutisme sur le sujet et à arrêter une date à laquelle ils feront connaître la position du gouvernement.
Prêt à décider
Selon M. Ruel, Québec dispose de toute l’information dont il a besoin pour statuer sur un scénario. Du rapport Nicolet aux conclusions de Tecsult en passant par les recommandations du comité provisoire dans le rapport sur le partage des rivières, les ministères concernés sont en mesure, soutient-il, de faire connaître leur position.
L’annonce, a poursuivi M. Ruel, est devenue impérieuse dans la mesure où les gens ont besoin d’être sécurisés le plus vite possible et dans la mesure où le crue maximale probable (CMP) a été établie à 5200 mètres cubes seconde (m3/s), alors que la capacité d’évacuation des rivières (Chicoutimi et aux Sables) n’est que 2800 m3/s. «Il y a un danger à ne pas avoir de moyens de contrôler le bassin versant», souligne-t-il.
Qu’il suffise de rappeler, a poursuivi M. Ruel, qu’un débit de 3200 m3/s peut causer un demi milliard $ de dommages. Tout cela, a-t-il ajouté, sans compter que la population vit encore un sentiment d’insécurité, que de nouveaux appareils de mesure n’ont pas dissipé.
Toujours selon le porte-parole du comité provisoire, les mesures d’atténuation auxquelles procède Québec sur certains cours d’eau n’apportent pas de solution à long terme.
Hydroélectricité
Il est clair dans la tête du comité que Québec se dirige vers la construction de barrages pour la production hydroélectrique. Il ne sait toutefois pas quelle forme cela prendra, ni quel montant sera investi et encore moins les échéanciers prévus dans les plans du gouvernement.
Cependant, le comité ne doute pas que Québec annoncera un projet dont l’objectif ultime sera la sécurité des citoyens en aval du bassin versant du réservoir Kénogami. C’est pour cette raison qu’il lui importe peu de connaître l’identité du maître d’oeuvre du projet et du gestionnaire des ouvrages.
Des informations ont déjà fait état d’un projet d’une centrale de 60 mégawatts sur les rivières Pikauba et aux Ecorces, évalué «sommairement» à 300 millions $.
Hydro-Québec apparaît au comité l’entité désignée pour prendre en charge ce projet, surtout que la rentabilité est reléguée au second plan derrière la sécurité.
Interrogé sur l’intérêt de prendre des participations financières dans le projet, le comité serait disposé à analyser l’affaire, mais, a nuancé le maire de Larouche, Réjean Lévesque, «le projet ne sera pas rentable».
D’autre part, M. Ruel a insisté sur l’unanimité au sein du comité provisoire, en dépit des intérêts divergents des partenaires. Hier, des représentants d’Elkem Métal et d’Abitibi-Consol ont joint leur voix à l’ensemble des partenaires pour réclamer le plus tôt possible une solution basée sur la sécurité.