le lundi 28 juin 2004

Lac Kénogami: Québec tarde à se mouiller!

Le silence religieux qu’observent la ministre Françoise Gauthier et le gouvernement Charest autour du projet de réaménagement du bassin hydrographique du lac Kénogami suscite une inquiétude croissante chez les quelque 7500 riverains. Les groupes et citoyens qui ont témoigné, l’année dernière, devant les enquêteurs du Bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE) ne manifestent guère de curiosité. Et même si les conseillers Jean-Marie Beaulieu et Réal Godin se montrent impatients quand la presse s’informe, l’autorité municipale tarde à exercer les pressions nécessaires auprès de l’État.

Le niveau maximal du lac fixé à 113,5 pieds (163,7 mètres) ne satisfait pas tous les propriétaires établis autour du grand lac-réservoir. Ceux qui demeurent à proximité d’Hébertville l’estiment dangereusement élevé. Quant aux riverains des rivières aux Sables et Chicoutimi, ils implorent le ciel quand la pluie tombe en abondance comme ces jours-ci et que les gestionnaires du lac Kénogami s’appliquent à vouloir satisfaire tout le monde et son père, notamment les plaisanciers.

Mission impossible

Une mission impossible tant que le gouvernement libéral n’aura pas donné l’autorisation à Hydro-Québec de compléter la reconstruction sécuritaire du bassin du lac Kénogami. Dévoilé le 11 juin 2000 par Lucien Bouchard, le Premier ministre de l’époque, et Jacques Brassard, son titulaire des Ressources naturelles, ce projet estimé à 170 millions $ comprend évidemment la construction d’un réservoir-éponge sur le rivière Pikauba.

Après avoir effectué les travaux préliminaires durant les trois dernières années du régime péquiste, Hydro-Québec a remis le dossier au nouveau gouvernement libéral pour approbation. Le gouvernement a réagi au sentiment d’insécurité que ressent la population concernée en replaçant un gardien permanent pour surveiller les ouvrages du Portage-des-Roches et de Pibrac.

Depuis, les riverains espèrent que leur propriété ne serve pas d’épanchement aux débordements du lac Kénogami lorsque la nature arrose généreusement le Royaume. Le conseil municipal de Saguenay pourrait-il obtenir de Québec une réponse satisfaisante à leurs appréhensions ?

Respect de l’histoire

En parlant des dirigeants de la sixième ville du Québec, signalons avec satisfaction leur intention d’honorer la mémoire des pionniers les plus célèbres de l’industrialisation moderne du Saguenay-Lac-Saint-Jean, J.-E.-A. Dubuc, William Price, le fondateur de Chicoutimi, Peter McLeod, ainsi que le maire aux ambitions démesurées, J.-D. Guay.

Ce sont les conseillers Jacques Fortin, président de l’arrondissement de Chicoutimi, et Jean-Marie Beaulieu, l’ancien maire de Laterrière, secondés par le fonctionnaire municipal François Hains, qui ont annoncé cette lumineuse initiative. L’obélisque dressé derrière le Centre hospitalier de la Sagamie pour rappeler que c’est chez nous que William Price a entrepris l’édification de son empire économique sera déplacé jusqu’à l’angle Talbot-Jacques-Cartier.

Relégué au ban de l’histoire à cause de ses manières brutales, Peter McLeod retrouvera son rang lorsqu’une plaque commémorative exposée sur le site du poste de traite tracera sa biographie. Les monuments sculptés à la mémoire de J.-E.-A. Dubuc et de J.-D. Guay orneront le carrefour Saint-Paul-Boulevard Université et la rue de la Fondation sur le campus de l’enseignement supérieur.

Ce regard admiratif sur de célèbres bâtisseurs serait plus convaincant si l’autorité municipale reconnaissait l’utilité de la Société historique du Saguenay. Feu Mgr Victor Tremblay y consacra l’essentiel de son labeur et toutes ses économies. Chicoutimi accordait à cette noble institution de 70 ans une timide subvention annuelle, mais Saguenay la condamne au jeûne perpétuel. Quel contraste humiliant avec Alma qui, tout en versant annuellement quelque 75 000 $ à la Société historique du Lac-Saint-Jean, la loge royalement et transforme en innovations touristiques, comme l’Odyssée des bâtisseurs, les idées de ses explorateurs du passé.

Les institutions qui ont fait la richesse et la renommée de Chicoutimi auraient-elles perdu leur mérite en devenant la propriété de Saguenay?