Lundi 24 Octobre 2005

Québec tarde à appliquer sa solution au lac Kénogami

«Le niveau de la rivière atteindra le seuil d’inondation mineure au cours des prochaines heures. Certains terrains peuvent être submergés. Si le niveau devait être dépassé, nous vous aviserons…» Ce message du ministère de l’Environnement que les 7500 riverains du bassin hydrographique du lac Kénogami redoutent tant, est revenu, ces derniers jours, dans la boîte d’enregistrement de leur système téléphonique. Les rivières Chicouti­mi et aux Sables ont gonflé suffisamment pour submerger les surfaces gazonnées et inonder plusieurs sous-sols sans heureusement causer trop de dégâts. Certains citoyens de Saguenay établis sur les berges de Rivière-du-Moulin furent plus éprouvés. La crue trop abondante sur ce cours d’eau non contrôlé par un barrage les a chassés de leurs propriétés durant deux ou trois jours.

Le spectre de 1996 

Le scénario se répète presque chaque année. Et à tous les quatre ans depuis la construction, au début du siècle, du barrage au Portage-des-Roches, les riverains frôlent la catastrophe. Il suffit d’une prévision atmosphérique fautive ou d’une synchronisation boiteuse dans le mouvement des pelles commandé par des gestionnaires situés quelque part à Québec pour leur rappeler le Aujourd’hui, ce sont les territoires baignés par les rivières Chi­coutimi et aux Sables que les eaux du lac Kénogami menacent d’envahir. À la fin d’août, c’état leur absence dans les baies du grand lac qui faisait rager les gens de l’arrondissement. Comme faut s’incliner devant les soubresauts de Dame Nature, les plus frustrés désignaient un coupable à haïr, EIkem Métal. Constatons simplement que le lac réservoir est vraiment trop petit par rapport au bassin versant. I se remplit et se vide rapidement. Même le maire Jean Tremblay qui avait jusque là abandonné le dossier au conseiller Jean-Marie Beaulieu et au ministère de l’Environnement est intervenu énergiquement lorsque la nouvelle direction de l’Association de protection du lac Kénogami (APLK) vint lui présenter sa vision de la situation estivale pour ensuite lui suggérer à nouveau d’exiger une participation de Ville de Saguenay à la négociation du bail qui lie Elkem et le gouvernement du Québec jusqu’en décembre prochain. Les derniers débordements du lac Kénogami font réaliser au premier magistrat que la sécurité doit reprendre la première place dans les préoccupations communes. Il exprimait en effet, la semaine dernière, sa crainte d’un autre déluge si Québec n’autorise pas la construction d’un ouvrage de retenue sur la rivière Pikauba.

Le projet de Françoise Gauthier 

Répétons que seule la réalisation du projet Pikauba peut satisfaire toutes les clientèles du lac Kénogami. L’aménagement d’un réservoir tampon dans la Réserve faunique des Laurentides absorberait le trop-plein du lac réservoir, notamment durant es grandes pluies d’automne. Et aux périodes arides de notre bref été, la gérance pourrait puiser dans le réservoir Pikauba la quantité d’eau nécessaire au maintien d’un niveau suffisamment élevé pour permettre la pratique des sports nautiques dans les baies les plus profondes. Mais comme l’actuel gouvernement libéral rejette la construction du réservoir Pikauba estimée à 170 millions $ en la taxant de dispendieuse, il doit sans plus tarder appliquer la phase de ce plan qui est spécifiquement axée sur la sécurité des riverains, la seule d’ailleurs qu’il considère financièrement acceptable présentement, soit le creusage de la rivière aux Sables. La ministre Françoise Gauthier, qui fut un témoin privilégié du déluge de 1996 en qualité de mairesse de Laterrière, a maintes fois mentionné l’obligation de répondre au rapport Nicolet, ce qui a conduit à la conception du projet péquiste dévoilé le 11 juin 2000 par l’ancien premier ministre Lucien Bouchard et celui qui dirigeait les Ressources naturelles à cette époque, Jacques Brassard. Le creusage de la rivière aux Sables coûtera moins de 20 millions de dollars. Que les travaux soient entrepris en priorité au printemps prochain. Ils permettront de doubler la capacité d’évacuation . Québec aura ainsi retenu la principale leçon des inondations qui ont causé, voilà près d’une décennie, des dommages à la hauteur d’un milliard de dollars.