Le gouvernement Charest prend encore des risques


le Lundi 24 juillet 2006

Le gouvernement Charest prend encore des risques

Bertrand Tremblay 

« C’est un excellent début », se réjouit Paul Ruel. Le porte-parole du comité de gestion du lac Kénogami ainsi que des rivières Chicoutimi et aux Sables, attend depuis longtemps que le gouvernement Charest lève le moratoire qu’il a appliqué, dès son avènement au pouvoir, au projet de stabilisation de cet immense territoire hydrographique de Saguenay.

Rappelons que l’ancien Premier ministre Lucien Bouchard, et Jacques Brassard, son titulaire des Ressources naturelles, avaient annoncé, le 11 juin 2000, la réalisation de ce programme. Les exploitants industriels, Abitibi-Consol, Elkem-Métal et la ville de Saguenay (Hydro-Jonquière), ils pouvaient continuer d’utiliser la ressource sans être constamment montrés du doigt aux moindres variations climatiques désagréables.

Le gouvernement Bouchard avait eu la logique de confier le chantier à Hydro-Québec qui engrange de plantureux profits avec le réseau hydroélectrique régional et sa clientèle.

Gestion conflictuelle

Un projet estimé à 170 millions $, et dont la mise en service était prévue à la fin de 2005… Trop cher! ont décrété les nouveaux maîtres de l’Assemblée nationale, même si l’énergie produite par nos grandes rivières a nécessité des investissements considérables; qu’elle génère pas moins de 10 000 emplois chez nous depuis près d’un siècle tout en contribuant généreusement au trésor de l’État.

Six ans après le dévoilement du plan Bouchard de régularisation des crues du bassin versant du lac-réservoir Kénogami, la ministre responsable du Saguenay-Lac-Saint-Jean et députée de Jonquière, Françoise Gauthier, profitait donc du 10e anniversaire du Déluge, il y a une semaine exactement, pour annoncer l’injection d’une quinzaine de millions de dollars dans l’aménagement d’un seuil dans la rivière aux Sables et l’application d’un nouveau plan de gestion estival du lac-réservoir Kénogami.

Ce premier élément du programme, qu’avait imaginé le gouvernement précédent, ne prendra finalement forme qu’en 2009, avouait la ministre Gauthier au rassemblement de dignitaires à la Petite Chapelle du lac Kénogami.Donc, après la prochaine élection générale, et sous l’autorité de ministères aux directions sans doute renouvelées, ceux des Ressources naturelles et de la Faune ainsi que du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs dont les vocations sont souvent conflictuelles. Il aurait été tellement plus efficace et rassurant de confier le mandat à Hydro-Québec, la société experte tous azimuts de renommée mondiale dans la gestion de l’eau.

« Québec a choisi de courir des risques », déplore l’ingénieur Roger Nicolet, président de la célèbre Commission d’enquête formée après de Déluge. Vraiment, le gouvernement Charest aime jouer à la roulette russe avec le tempérament imprévisible de Dame Nature. Une attitude qui nourrira encore longtemps l’angoisse des sinistrés du lac Kénogami et de ses rivières évacuatrices.

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