le jeudi 23 juillet 1998
«Tout reste à faire!»…
C’est Roger Nicolet qui faisait cette constatation dans « Le Plan », le magazine publié par l’Ordre des ingénieurs du Québec… en avril 1997. Il pourrait répéter son verdict, aujourd’hui, 15 mois plus tard et deux ans après le Déluge. Celui qui a présidé aux travaux de la Commission scientifique et technique sur la gestion des barrages reconnaissait évidemment que les étapes de reconstruction semblaient obéir « à nos recommandations, mais à plus long terme, tout reste à faire. Il y a un débat que la Commission n’a pas tranché: vaut-il mieux augmenter la capacité d’évacuation des bassins ou construire de nouveaux réservoirs en amont des réservoirs existants? Des évaluations comparatives coûts-bénéfices sont nécessaires pour en débattre. »
Plusieurs scénarios
>Ces études ont été effectuées par les ingénieurs du consortium Génivel-BPR-TexSol. Plusieurs scénarios furent même soumis, en février dernier, dans des assemblées publiques organisées par le comité provisoire du lac réservoir Kénogami et des rivières Chicoutimi et aux Sables présidé par Paul Ruel.
L’hypothèse qui a davantage retenu l’attention évoque la possibilité de construire des barrages et trois mini-centrales hydroélectriques sur les rivières aux Écorces et Pikauba pour rentabiliser l’opération. Elle paraît toutefois odieuse à ceux qui brandissent toujours un poing accusateur aux exploitants de notre bassin hydrographique, véritables responsables, à leurs yeux, des dégâts causés par les inondations de juillet 1996. Les ouvrages proposés comprennent cependant un immense canal d’évacuation qui passerait dans le sous-sol de Jonquière pour rejoindre le Saguenay.
Il faudra attendre encore cinq à six ans avant d’entreprendre la réalisation de la solution définitive, prévient le sous-ministre Georges Beauchemin, responsable de la reconstruction. Il reste encore un long délai qui pourrait servir à approfondir le débat. Entre temps, le visage du Bassin demeure horriblement balafré et les populations riveraines continuent de vivre dans l’inquiétude.
Mairesse méfiante
Aux séances d’information tenues en février dernier, le comité Ruel a recommandé l’aménagement de réservoirs dans la Réserve faunique des Laurentides pour prévenir une nouvelle catastrophe. Mais la mairesse Françoise Gauthier, de Laterrière, s’était montrée méfiante. « Qui gérera en fonction de la crue des eaux et de la sécurité des gens et non en capitaliste »,avait-elle demandé?
Aux audiences de la Commission Nicolet, elle avait dénoncé énergiquement la lenteur des gestionnaires de barrages à informer les responsables de la municipalité de la situation, « des décisions qu’ils prenaient ou des débits qui étaient enregistrés… »Les fonctionnaires du ministère de l’Environnement de la Faune de même que ceux du Bureau de la Sécurité civile « étaient dans un état de désarroi total face aux événements ».
Comme elle a raison, Madame la mairesse de Laterrière, de demeurer vigilante! Les fonctionnaires qui, dans une des tours de la Vieille Capitale, gèrent le barrage du Portage-des-Roches, ont commis, durant les gros orages de la semaine dernière, les mêmes bévues qu’aux heures fatidiques du Déluge.
Les responsables doivent s’installer près de l’immense réservoir. Que la mairesse fasse d’autres saintes colères si le gouvernement fait la sourde oreille. Car elle a évidemment raison sur toute la ligne.