Apprenons des leçons du passé


le mardi 21 juillet 1998

Apprenons des leçons du passé

Toutes les pluies que nous ramènera juillet évoqueront l’inoubliable déluge de 1996. Cet événement cauchemardesque, dont nous soulignons le second anniversaire cette semaine, a laissé des marques et tout le monde convient que les leçons à retenir sont nombreuses. Pourtant, tout juste en fin de semaine dernière, à la même période qu’en 1996, ironie du sort, des citoyens ont observé une élévation inquiétante du niveau de l’eau du lac Kénogami. Or, si le niveau de l’eau monte, c’est qu’on garde les vannes bien fermées.

Pourtant, la commission Nicolet, «pour que cela ne se reproduise plus», recommande justement une gestion préventive basée sur un niveau d’eau sécuritaire. Dès qu’on atteint ce niveau de 113,5 pour ce qui touche le lac Kénogami, on doit ouvrir les vannes. Or, le comité des citoyens de Laterrière constate avec stupéfaction que le gestionnaire du barrage, le ministère de l’Environnement et de la Faune, n’a réagi que sur l’impulsion des pressions du comité de citoyens à la dernière minute, samedi.

Se peut-il qu’on soit encore hésitant à appliquer les mesures de sécurité après tous les débats que le désastre a suscités? Est-ce possible que la commission et tous les témoignages qu’on y a entendus n’aient servi que de catalyseur pour résorber la grogne populaire?

Par exemple, l’ingénieur Roger Nicolet recommandait, en ce qui concerne la rivière Chicoutimi, de se débarrasser du goulot d’étranglement que représente la série d’ouvrages en aval de Portage-des-Roches. Ces mini -barrages ont une capacité d’évacuation de l’eau moins grande que Portage-des-Roches. Les spécialistes de la commission trouvaient d’ailleurs cette situation à ce point ridicule qu’il allait de soi d’apporter une modification immédiate. Cette recommandation, tout comme bien d’autres, n’a jamais été suivie. Sous prétexte qu’il revenait à la population de choisir entre augmenter la capacité d’évacuation de Chute Garneau, Pont-Arnaud, Elkem et Price ou créer des exutoires par le Ruisseau Jean-Deschênes et la Belle-Rivière et construire un barrage sur la rivière aux Écorces, on n’a toujours pas dépassé l’étape de la discussion.

Tout comme la recommandation touchant les comités de gestion. Certains n’ont jamais vu le jour alors que les autres vivotent. A Jonquière, le maire Marcel Martel attend toujours le feu vert de Québec pour former un comité de gestion visant à étudier la possibilité de construire un ouvrage de régulation de la rivière aux Écorces. La décision tarde aussi parce que personne n’ose se mouiller politiquement. Pas facile de prendre le bâton du pèlerin dans ce dossier quand on sait toutes les blessures encore ouvertes que le destin a causées à travers toute la région.

Comme on ne sait toujours pas, après deux ans, quelle gestion appliquer au bassin du lac Kénogami, les travaux du Bassin restent en plan. Avec raison, les gens montrent de l’impatience et de l’inquiétude, comme à Laterrière en fin de semaine.

Devant les membres de l’Ordre des ingénieurs du Québec, au mois de novembre dernier, l’ingénieur Nicolet mentionnait que le sinistre de 1996 a été perçu comme un échec des méthodes d’aménagement de la ressource hydraulique, un rappel brutal, ajoutait-il. Sait-il qu’à bien des endroits encore aujourd’hui nous en sommes au même point?

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