Le Quotidien, Vendredi 29 Juillet 2005

Lac Kénogami baisse

Les plaisanciers en veulent à Elkem Métal

LAC KÉNOGAMI (FL) – «C’est son dernier voyage. Après la fin de semaine, il devra sortir son bateau de l’eau», lance LouisPilote, président de l’Association pour la protection du lac Kénogami, pointant une embarcation voguant sur le lac.

Les plaisanciers du lac Kénogami commencent en effet de plus en plus à s’inquiéter de la baisse du niveau de l’eau. Le peu de pré­cipitations au cours du dernier mois n’a pas permis au lac de se tenir à son niveau moyen.

L’autre coupable selon eux: Elkem Métal, propriétaire d’un barrage sur la rivière Chicoutimi.

« Ça suffit. Ils ont des privilèges depuis des années. S’ils veulent de l’électricité, qu’ils aillent la chercher ailleurs, mais nous on veut de l’eau dans le lac. L’été en particulier, il y a en masse de l’électricité, alors qu’ils arrêtent de faire des histoires», s’insurge M. Pilote.

En fermant les valves de sa cen­trale SPC, Elkem Métal retiendrait ainsi plus d’eau dans le lac Kénogami, mais perdrait du même coup une partie de sa capacité de production électrique.

Les villégiateurs du lac Kénogarni comptait beaucoup sur un projet de barrage dans la réserve faunique des Laurentides pour maintenir le lac à son niveau moyen, tout en assurant une marge de manoeuvre sécuritaire en cas de fortes précipitations.

La ministre du Tourisme et ministre responsable de la région, Françoise Gauthier a toutefois averti il y a quelques semaines que le projet ne faisait plus partie des plans de son gouvernement.

«Après le déluge, on pensait qu’on avait la solution avec le plan de gestion et le barrage», se désole-t-il.

« Si on veut continuer de déve­lopper le lac sur le plan touristique, il faut une certaine stabilité du niveau de l’eau. Nous avons la ministre du Tourisme dans la région. Il faut qu’elle s’occupe de son territoire», soutient-il, sommant ainsi Françoise Gauthier à s’impliquer dans le dossier.

Le conseil exécutif de l’Association devrait se réunir aujourd’hui pour fixer ses orientations.

Elkem Métal

Le directeur ingénierie-entretien d’Elkem Métal, Jean Villeneuve, assure que la compagnie s’en tient présentement au plan de gestion conclu après le rapport Nicolet de 1997 entre les entreprises propriétaires de barrages, les villégiateurs et le gouvernement.

Les responsables d’Elkem Métal, d’Abitibi-Consolidated, qui possèdent également un barrage sur la rivière, ont d’ailleurs eu des discussions hier avec le président du Comité du bassin du lac Kénogami, Paul Ruel, pour examiner la situation.

Selon M. Villeneuve, ACI aurait alors expliqué que des «contrain­tes supplémentaires» reliées à la réfection d’une de leurs centrales ne leur permet pas d’envisager l’option de réduire le débit sur la rivière Chicoutimi.

Même sans ces contraintes, cela ne veut toutefois pas dire qu’Elkem Métal aurait fermé les valves. « Nous nous en tenons au plan de gestion», rappelle-t-il.

« Pour l’instant, nous sommes les gros méchants parce que nous voulons maintenir un débit minimum sur la rivière, mais après avoir fermé les valves, les riverains de la rivière Chicoutimi chialeraient qu’ils n’ont plus d’eau».

« Même si on baissait les débits aujourd’hui, le lac continuerait à baisse quand même», poursuit-il. «Au cours d’étés normaux, le plan de gestion fonctionne bien. Mais nous sommes dépendants de la température».