Le Quotidien, le Samedi 13 Août 2005

Projet de centrale sur la Pikauba

Déjà des doutes

CHICOUTIMI (PG) – Le projet de centrale sur la rivière Pikauba déposé lundi soulève déjà des doutes chez des acteurs importants.

Paul Ruel, président du Comité de bassin du lac Kénogami et des rivières Chicoutimi et aux Sables a appris l’existence du projet de centrale hydroélectrique de 87 millions $ en lisant son journal. «Je me suis demandé qui sont ces gens-là», raconte-t-il. Comme le comité a pour mandat de gérer le bassin versant du lac Kénogami et de rassembler l’ensemble des acteurs concernés, il a été très surpris que le Comité n’ait en aucun temps été consulté par ces promoteurs, la Coopérative de solidarité en services énergétiques. «Ils ne l’ont pas présenté nulle part (…) C’est un projet un peu surprenant à prime abord», poursuit-il.

Même surprise du côté de l’Association pour la protection du lac Kénogami (APLK). Son président, Louis Pilote, aimerait bien croire au projet mais il se montre très sceptique. «Il y en a déjà eu des projets sur les petites centrales, celui-là peut être un « fly »», se demandant si le tout est bel et bien sérieux. «Peut-être qu’ils se disent, on a une bonne idée et on va essayer d’embarquer les pouvoirs publics», continue M. Pilote. Il s’interroge à savoir si le groupe ne va pas faire mettre à jour leur étude de 1995 par la MRC du Fjord-du-Saguenay pour en vérifier la faisabilité. «Ainsi, ils n’auraient pas investi une cenne et ils vont faire faire le travail par la MRC», poursuit-­il, se gardant bien de dire que c’est bien le cas actuellement.

Une autre source a révélé au Quotidien qu’il ne croyait pas au sérieux du groupe de promoteurs. Il se demande comment ces gens pourraient investir suffisamment dans ce projet de 87 millions $, alors qu’il doute de leurs revenus.

Gérald Lavoie, un des promoteurs, avait affirmé hier avoir mis au courant la ministre régionale, Françoise Gauthier, il y a deux ou trois mois. Or l’attaché politique de la ministre Gauthier, Jean-Sébastien Roy, donne une version différente. «Je les ai rencontrés il y a deux semaines», affirme-t-il, précisant que Mme Gauthier était alors absente. Ils n’ont pas à cette occasion présenté en détaille projet. «Ils sont venus seulement déposer leur charte de membres», continue M. Roy. Il se refuse à tout commentaire pour l’instant, se contentant de dire qu’il est en attente de développements. .

Pour leur part, les promoteurs refusent désormais d’accorder des entrevues aux médias, estimant que le tout se déroule un peu trop vite. Le comité administratif de la MRC étudiera le dossier lors de sa prochaine rencontre, le 23 août et la question sera aussi débattue lors l’assemblée générale de l’APLK du 28 août.
Des erreurs se sont glissées dans l’édition d’hier. Il aurait plutôt fallu lire que le rapport du BAPE date d’octobre 2003, que le coût est de 170 millions et concernait non pas une centrale hydroélectrique mais un simple réservoir.