Dimanche le 18 Juin 2006

Elkem Métal ment effrontément à la population»

Les choses commencent à bouger sérieusement dans le dossier de gestion du niveau d’eau du lac Kénogami. Le conseiller Paul-Roger Cantin et l’Association des propriétaires du lac Kénogami (APLK) demandent maintenant que le gouvernement du Québec révèle les vrais chiffres des conséquences d’une gestion du lac qui satisferait les riverains et accusent Elkem Métal de mentir à la population.

M. Cantin ne mâche pas ses mots. «Rappelez-vous: dans l’édition du Réveil du 4 septembre 2005, Pierre Gauthier, directeur général d’Elkem Métal, affirmait que la compagnie perdait des dizaines de millions de dollars à cause du nouveau plan de gestion de 1997. Pour être poli, je dirais qu’il y a grossière exagération. Russ Tamblyn, le représentant des citoyens à la table de discussion entre la compagnie et le gouvernement du Québec, a remis un rapport qui indique que la différence entre l’ancienne gestion et ce que nous demandons est de 1,5% de bénéfice net. Ces chiffres sont établis sur les six dernières années, incluant celle de 2005, qui a été désastreuse par son peu de précipitations. La perte est donc tout au plus de 200 à 250000$ par année. Imaginez ce que le barrage rapporte à Elkem. Multipliez 250 000$ par 98,5% et vous aurez une bonne idée de ce que la compagnie empoche.

«Nous apprenons d’autre part que le ministère a fait ses propres calculs et qu’ils seraient même plus bas que les nôtres. C’est donc de la véritable désinformation de la part d’Elkem Métal de dire qu’elle a perdu plusieurs dizaines de millions et jusqu’à 24% de ses profits à cause des gens de lac Kénogami qui veulent avoir un niveau d’eau acceptable.»

Une alliée

Vendredi après-midi, une délégation des citoyens de Lac-Kénogami, dont M. Cantin, est allée rencontrer la députée de Jonquière et ministre Françoise Gauthier, en qui ils ont une indéfectible alliée.
«Ce que nous lui demandons, c’est de faire des pressions pour que le ministre Pierre Corbeil dévoile les données de l’étude faite par ses fonctionnaires pour que la population sache toute la vérité. Nous avons promis de ne pas le rendre public, mais d’autres personnes pourraient le faire si ça ne bouge pas. Je dois dire que nous avons reçu un très bon accueil de Mme Gauthier et elle est de notre côté. Elle a même déjà contacté son confrère pour lui faire la même demande.»

Trois possibilités

Pour ce qui est de la négociation pour le renouvellement du contrat d’exploitation de la centrale hydroélectrique, Paul-Roger Cantin dit que le gouvernement doit trancher entre trois scénarios: le statu quo (qui ne sera pas retenu), de minimes concessions de la part de la compagnie ou la proposition des citoyens.
«Elkem voudrait garder le débit de 42 mètres cubes et que la date de gestion se limite du 5 juin jusqu’à la fête du Travail. Nous, on veut que ça se fasse à partir de la fin de période de crue (aux alentours du 25 mai) jusqu’au 21 septembre avec un niveau de 113,5 maximum jusqu’à ce qu’on creuse la rivière aux Sables; à ce moment, le niveau ne serait plus «maximum», mais «visé», permettant une variation de plus ou moins quelques pieds. Ce qu’on a entendu dire, c’est que la compagnie serait prête à accepter un débit de 36 mètres cubes en période de sécheresse, mais c’est bien peu; tout ce que ça donnerait, c’est que le lac baisserait un peu moins vite.»