le Dimanche 18 juin 2000
À propos…
Les rescapés du déluge attendront au moins 20 ans
La bonne nouvelle, celle que retiendra l’électorat captif du Saguenay-Lac-Saint-Jean, réside dans le contenant. Le gouvernement du Québec donne le feu vert à l’enclenchement du processus de réalisation d’éventuelles digues de rétention sur la rivière Pikauba.
La mauvaise nouvelle se trouve dans le contenu: les études de préfaisabilité devraient parvenir au bureau du ministère dans trois ans; ensuite, on procédera aux audiences publiques et aux négociations avec les propriétaires concernés. On arrive à l’an 2005 sans qu’une seule pelletée de terre soit levée.
Mais qu’importe, tout le monde semble satisfait et la paix politique est assurée pour au moins cinq ans, le temps de tenir une élection fédérale et une autre provinciale. Et si d’ici là les conditions climatiques tournaient au désastre comme en 96, on en serait toujours au même point.
Mandarins gâtés
Pourtant, quand il s’agit de voter une augmentation de salaire aux hauts gradés de la fonction publique, la machine bureaucratique ne se met pas en travers du chemin, bien au contraire. Le citoyen, payeur de taxes et des salaires de ces mandarins de l’État, assiste à la valse des millions sans grand pouvoir d’intervention.
Tout juste avant la pause estivale de la cession parlementaire, le gouvernement québécois annonce une augmentation de 12 pour cent à ses plus hauts salariés; 12 por cent de 150 000 $ portant le salaire des officiers de l’État à un niveau plus élevé que le premier ministre. Une récompense très substantielle pour avoir tenu tête aux syndiqués de la fonction publique dont certains attendent toujours la signature de leur convention collective. Si les 170 millions annoncés dimanche dernier n’engagent à presque rien puisque les montants, au mieux, pourraient ne jamais être dépensés et au pire s’étaleraient sur de nombreuses années, les millions supplémentaires versés aux serviteurs de l’État figureront dans le bilan annuel du gouvernement du Québec. Dans le contexte de restriction budgétaire actuel, l’annonce de jeudi dernier a de quoi faire réfléchir.
Projet indispensable
L’enclenchement du processus de mise en place d’un réservoir en amont du Lac-Kénogami s’imposait. Il arrive sur le tard et, comme tous les grands projets publics du genre, traînera immanquablement en longueur. Car, quand le contenu de la conférence d’information de dimanche dernier évoque une éventuelle participation du gouvernement fédéral, on se montre déjà surpris à Ottawa. Au cabinet du Conseil du Trésor, on ne pouvait se prononcer sur une quelconque entente avec Québec à ce sujet. Par ailleurs, la référence à une éventuelle consultation avec les autochtones présume d’une nouvelle et rude joute juridique plus souvent qu’autrement aux dépens des gouvernements.
Souvenons-nous aussi que le projet de la route Alma-La-Baie galvanisait les discours des politiciens dès 1960. Quarante ans plus tard on doit toujours se contenter de quelques tronçons de voies séparées.
Si l’entreprise privée comme Alcan parvient, en quatre ans, à mener à bien un projet de plus de deux milliards, pourquoi le gouvernement ne réaliserait pas des travaux de 170 millions $ avant le milieu du siècle? D’autant que le premier ministre vient de reconnaître l’efficacité des dirigeants de l’État en leur allouant une généreuse augmentation salariale de 12 pour cent. Ironiquement, la décision du premier ministre s’appuyait sur la parité avec le secteur privé. Aussi bien poursuivre la comparaison jusqu’au bout…