le mercredi 18 février 1998

Barrages en amont du lac Kénogami

La population se méfie de la gestion

Laterrière – L’idée de construire des ouvrages de rétention et des centrales hydroélectriques en amont du réservoir du lacKénogami pour prévenir d’autres «juillet 96» sème la méfiance parce que plusieurs n’ont pas confiance en la gestion.

Hier soir, à l’occasion de la première d’une série de quatre rencontres publiques du Comité de bassin du lac Kénogami et des rivières Chicoutimi et aux Sables, présentée à Laterrière, la population a cherché à savoir qui pourrait gérer des réservoirs et des centrales en fonction des crues et non en fonction de la rentabilité.

Les quelque 150 personnes présentes ont interrogé le scénario de construction des réservoirs et des centrales, tel qu’expliqué par Gilles Marinier, membre de la Commission Nicolet, et Georges Beauchemin, ministre adjoint et responsable du secrétariat à la reconstruction.

Propositions

MM. Beauchemin et Marinier ont mis l’ensemble des propositions sur la table qui donneraient des moyens à la région de gérer avec succès la crue maximale probable pouvant se déployer dans le bassin versant du lac Kénogami.

Ayant vite rejeté le statu quo, la construction d’un immense exutoire de 20 mètres de diamètre sous Jonquière jusqu’au Saguenay au coût de 180 millions $, le détournement d’une partie du débit vers le lac Saint-Jean au risque de perdre les terres agricoles d’Hébertville et l’élargissement du ruisseau Jean-Deschênes, qui couperait Jonquière en deux, MM. Beauchemin et Marinier ont mis l’emphase sur les divers scénarios d’aménagement d’ouvrages de retenu en amont du lac Kénogami.

Dans ce domaine, le rapport de 200 000 $ du consortium Génivel-BPR-TexSol fait état de plusieurs scénarios évalués de 40 à 140 millions $. Selon Gilles Marinier, la différence entre 80 millions $ et 140 millions $ n’est pas énorme, a-t-il laissé entendre, parce que la capacité d’évacuation ne s’en trouve pas énormément améliorée.

Les invités du Comité de bassin ont élaboré sur la construction de réservoirs sur les rivières aux Ecorces et Pikauba, avec en aval, trois centrales hydroélectriques (sur la Pikauba) de 5,8, 23,4 et 23,4 mégawatts.

Pour le ministre adjoint Beauchemin, la construction de centrales est importante dans le scénario parce qu’elle permet le financement des ouvrages. «Le projet semble à première vue se payer seul», a-t-il dit.

-Mais qui gérera en fonction de la crue des eaux et de la sécurité des gens et non en capitaliste, a demandé la mairesse de Laterrière, Françoise Gauthier?

Celui qui aura à gérer les ouvrages du bassin versant, a répondu M. Beauchemin, ajoutant qu’à ce moment précis, il ne pouvait pas apporter la réponse. Il a cependant indiqué que les centrales pouvaient être rentables (de 3 à 9 pour cent) même si elles étaient gérées en fonction de la crue des eaux et qu’elles devaient toutes appartenir au gestionnaire.

Questions

Sous d’autres questions insistantes de la salle, Paul Ruel, président du Comité provisoire du bassin est intervenu pour dire que si ledit comité reflétait les attentes de la population il pourrait être ce gestionnaire.

D’autres se sont demandé pourquoi il fallait absolument embarquer dans le concept de l’autofinancement, alors qu’à Montréal, par suite de la crise du verglas, on ne parle pas de la reconstruction des pylônes en fonction de la rentabilité.

L’option des deux réservoirs et des trois centrales, ont défendu MM. Marinier et Beauchemin, permettrait de réduire au maximum les dommages que peuvent causer une crue maximale probable (deux fois plus que juillet 96) et augmenterait même la capacité de production de la mini-centrale de Jonquière de plusieurs millions de kilowatts/heure et de certaines autres.

Ils verraient très bien aussi l’aménagement d’une centrale à Laterrière en aval du barrage de Portage-des-Roches. Une turbine en bas des ouvrages de retenu, a dit M. Beauchemin, n’enlève rien son efficacité et génère des revenus.

Comme quoi les discussions ne sont pas terminées, M. Beauchemin a rappelé qu’une étude a été faite en 1962 sur la construction d’un réservoir sur la rivière aux Ecorces et rien n’a été fait. Selon lui, la période de décision est plus longue que la durée de la construction.