le  jeudi 14 novembre 2002

Lac-réservoir Kénogami

Saguenay pourrait manquer d’eau

L’Association de protection du lac Kénogami (APLK), lance un cri d’alarme. Est-ce que le réservoir sera en mesure de soutenir l’approvisionnement en eau potable de Ville de Saguenay pendant la période estivale alors que les approvisionnements naturels chutent dramatiquement.

Dans le secteur, la colère gronde. La baisse drastique du niveau du lac-réservoir depuis la Fête du Travail donne une vision presque lunaire dans ce paysage habituellement enchanteur. L’APLK, accuse le ministère de l’Environnement du Québec et les entreprises Elkem Métal et Abitibi-Consolidated d’être de connivence dans la situation actuelle.

Le président de l’APLK, Louis Pilote, utilise les récentes annonces sur la gestion du lac-réservoir pour affirmer qu’il y a une situation de panique au ministère: « Depuis que je suis à l’APLK, le ministère nous a toujours dit qu’il ne pouvait diminuer les déversements sous la barre des 40 mètres-cubes-seconde car ils avaient des craintes pour les prises d’eau des municipalités. Depuis samedi, ils ont diminué les déversements à 30 mètres-cubes-seconde », soutient le président Pilote.

Les calculs sont relativement simples. Entre le 28 août et le 13 novembre, le niveau du lac-réservoir Kénogami a baissé de 17,3 pieds. Le MENVIQ, qui gère pour le compte du ministère des Ressources naturelles, a donc fait passer les déversements de 42,5 mètres-cubes-seconde à la fin août à 79 mètres-cubes-seconde et ce, jusqu’au 19 octobre.

Selon Louis Pilote, la seule raison qui peut expliquer ce comportement de la part du gestionnaire provient des deux grandes entreprises qui utilisent l’eau provenant du lac-réservoir Kénogami. Les entreprises voulaient simplement turbiner au maximum. Le ministère a maintenu ces déversements malgré le fait que les apports naturels subissaient une baisse significative.

Selon les évaluations faites par l’APLK à partir des statistiques de gestion du MENVIQ, le niveau actuel du lac-réservoir est d’au moins 15 pieds en dessous de ce qu’il devrait être à cette période de l’année. Louis Pilote souligne que dès le moment ou il y aura un gel permanent dans le Parc des Laurentides, les apports d’eau naturel vont pratiquement cesser.

L’APLK admet n’avoir aucune prise sur le mode de gestion du lac, à l’exception des minces gains obtenus pour la gestion estivale du lac-réservoir. A chaque fois que l’organisme tente d’obtenir des concessions, Elkem Métal et Abitibi-Consolidated brandissent les contrats qui les lie au ministère des Ressources naturelles pour l’approvisionnement des centrales sur les rivières Chicoutimi et aux Sables.

« Nous savons que ces contrats vont venir à échéance d’ici 2005. Il est officiel que nous allons exiger une participation pour les négociations en vue du renouvellement de ces ententes. Le lac n’appartient pas uniquement aux deux compagnies. Il est aussi la propriété des citoyens qui habitent en bordure et souhaitent plus de respect de la part de ces entreprises », reprend Louis Pilote.

L’APLK menace de plus de se retirer du comité de bassin qui doit conseiller le gouvernement sur la gestion du lac-réservoir Kénogami. Encore là, Louis Pilote, preuve à l’appui, signale que les deux opposants à toutes les décisions du comité de bassin sont à chaque occasion les deux entreprises.

Pour le moment, les dirigeants de l’APLK vont se contenter d,observer la situation. Ils craignent de plus que le gel du lac au niveau actuel risque d’avoir des conséquences graves sur l’environnement. L’APLK n’a toutefois pas les moyens de payer des spécialistes qui seraient en mesure de mesurer ces conséquences.