le vendredi 14 juillet 2000
Réservoir sur la rivière Pikauba
Les Laterrois dénoncent les lacunes
Laterrière – Accueillant avec une politesse de convenance le projet de contrôle des eaux en amont du bassin réservoir Kénogami, la ville de Laterrière et son comité de citoyens souhaitent maintenant que Québec se fasse plus précis, plus ouvert et agisse avec plus de diligence.
Laterrière et son comité de citoyens de la ville continuent de faire front commun dans le dossier du projet d’aménagement d’un réservoir sur la rivière Pikauba et adressent questions et critiques à l’endroit d’un gouvernement qui a pris quatre ans à accoucher d’une solution qui comporte des trous, veulent-ils démontrer, et qui projette cinq ans de délai pour la concrétisation de sa réflexion.
Jean-Marie Beaulieu, maire de Laterrière, et Gilles Potvin, président du comité des citoyens de la ville, sont sortis de la torpeur estivale, hier, afin de faire part de leur mécontentement relativement au projet de contrôle des eaux du bassin versant Kénogami, évalué à 170 millions $.
Le maire Beaulieu et le président Potvin reconnaissent dans l’annonce de Québec un bon choix et se réjouissent surtout que la production hydroélectrique ait été écartée au profit de la sécurité des riverains.
Les violons sont cependant aussitôt remisés pour faire place au martinet puisqu’ils jugent le projet de barrage sur la rivière Pikauba et les autres mesures annoncées insuffisantes parce qu’elles ne garantissent pas pleine sécurité à la population en aval du bassin réservoir.
Crue maximale probable
La capacité donnée au barrage Pikauba, disent-ils conjointement, est basée sur le volume d’eau du déluge de juillet 1996 et non sur la crue maximale probable (CMP). Cette dernière établie théoriquement à 5200 m3/s par les scientifiques est 10 fois supérieure au débit mesuré pendant la pointe du déluge.
Le barrage de la rivière Pikauba, claironnent-ils, n’est pas une solution à toutes épreuves et ne pourra pas se substituer à l’efficacité qu’aurait eu un second barrage sur la rivière aux Ecorces.
Egalement, messieurs Beaulieu et Potvin s’opposent pour l’immédiat à un rehaussement du niveau du lac Kénogami. Ils souhaitent que Québec construise son barrage avant. Si ça presse de monter le niveau (113,5 pieds), suggèrent-ils, que Québec commence tout de suite le réhaussement des digues autour du lac au lieu d’attendre en 2003.
D’ailleurs, sur les délais, ils estiment que Québec fait preuve d’une lenteur qui s’apparente à la conversion de la route du parc des Laurentides en quatre voies.
Ils ne se font pas à l’idée que l’ingénierie et la construction ne commencent qu’en 2003 pour se terminer en 2005, alors que Québec affirme que l’argent est disponible immédiatement. Non seulement les digues peuvent être modifiées tout de suite, poursuivent-ils, mais l’amélioration des évacuateurs aux sorties du lac Kénogami et l’aplanissement d’un seuil à la hauteur de Cepal sur la rivière aux-Sables peuvent également être faits immédiatement. Québec projette de commencer ces travaux seulement en 2003, date à laquelle ils voudraient voir terminer les chantiers.
Jean-Marie Beaulieu, rompu à la politique, se demande si le milieu régional ne devra pas alors négocier avec un autre gouvernement dans trois ans.
POUR AMÉLIORER LA SITUATION Il suffirait d’une volonté politique
Le maire et le président du comité de citoyens de Laterrière voudraient que Québec fasse preuve de souplesse sur la question des débits des exutoires du lac Kénogami.
Ils admettent que le gouvernement a le devoir d’assurer 70 mètres cubes à la seconde à la rivière Chicoutimi afin de respecter ses engagements pour la production hydroélectrique, mais ne voient pas pourquoi il n’est pas possible d’inverser les débits entre les rivières Chicoutimi et aux-Sables au-delà de cette quantité.
A 150 m3/s, il y a une inondation mineure sur la rivière Chicoutimi et à 170 m3/s, il s’agit d’une inondation majeure. Et, insistent-ils, en 1996 il y a eu 359 maisons inondées sur la rivière Chicoutimi contre 27 sur la rivière aux-Sables. De plus, font-ils observer, la rivière aux-Sables a la capacité de digérer plus d’eau que la rivière Chicoutimi.
Cette mesure, renchérissent-ils, ne coûterait rien à Québec, il suffirait d’une volonté politique.
Compte tenu de toute la mise à contribution de la population par suite du déluge et de la tenue de la Commission Nicolet qui a permis à tous les intéressés de s’exprimer, Jean-Marie Beaulieu et Gilles Potvin souhaitent que Québec ne rayera pas de la carte le Comité provisoire du lac réservoir Kénogami et des rivières Chicoutimi et aux-Sables. Ce comité, disent-ils, doit participer à la gestion du barrage et obtenir un caractère permanent.
Les deux critiques souhaitent également que Québec reste près des populations concernées. La façon avec laquelle il a procédé au moment de l’annonce du projet les inquiète. Ils déplorent que le gouvernement n’ait pas dévoilé aux gens en autorité le projet avant de rencontrer la presse.
Ils réalisent bien après coup que Québec, malgré sa bonne volonté, a dilué les scénarios que l’étude Génivel-BPR-Tecsult a proposé. Sommairement, l’étude en a suggéré trois: l’aménagement de deux barrages, la construction d’exutoires sur les rivières Chicoutimi et aux-Sables et le rehaussement du pourtour du lac Kénogami.
Les porte-parole de Laterrière s’inquiètent également de ce qui va se passer en aval quand la pluie tombera avec beaucoup d’intensité. Ils se demandent, par exemple, si la rivière Chicoutimi pourra digérer toute l’eau que le lac Kénogami pourra évacuer? Sinon, est-ce qu’il y aura refoulement en amont, c’est-à-dire à la hauteur de Laterrière?