le mardi 13 juin 2000
Roger Nicolet trouve le projet intéressant
Le président de la Commission scientifique et technique sur les barrages, Roger Nicolet, qualifie « d’intéressante » l’annonce faite dimanche par le premier ministre du Québec, Lucien Bouchard, pour la construction d’un réservoir en amont du lac réservoir Kénogami sur la rivière Pikauba.
La commission avait émis un certain nombre de recommandations afin d’augmenter la sécurité des barrages et digues de la région, tout en apportant un éclairage pour l’ensemble du territoire québécois. Le président Nicolet juge que la décision du gouvernement quant à la principale recommandation arrive peut-être un peu tard, mais il comprend l’ampleur du projet et surtout le fait que certains intérêts aient voulu vérifier la possibilité d’une production hydroélectrique au pied des ouvrages planifiés.
« C’est peut-être un peu tard mais c’est tout de même intéressant. Il faut se rappeler que la commission avait convenu de la nécessité d’un tel ouvrage mais notre mandat ne nous donnait pas la possibilité d’en évaluer les coûts », insiste l’ingénieur à partir de son bureau de Montréal.
La commission avait retenu le principe d’un système de contrôle en amont du lac réservoir Kénogami. Au cours de l’entrevue accordée au Quotidien hier, le président Nicolet ne pouvait porter un jugement sur le projet précis d’un seul réservoir sur la rivière Pikauba, alors qu’aucun contrôle ne sera effectué sur le sous bassin de la rivière aux Ecorces.
Par contre, Roger Nicolet croit que le gouvernement du Québec a fait un excellent choix en confiant à Hydro-Québec tout le dossier de l’aménagement de ce nouveau réservoir: « Ce sont des gens qui détiennent l’expertise nécessaire pour ce genre de projet », précise Roger Nicolet.
Élément important
L’autre élément important dans ce projet, toujours selon les commentaires de Roger Nicolet, est le fait que le gouvernement ait opté pour un projet de réservoir sans centrale hydroélectrique. La gestion du réservoir, a-t-il poursuivi, sera donc centrée sur le contrôle sécuritaire du bassin alors que la production énergétique oblige à des critères de rentabilité. La population, dans ce contexte, devrait donc accepter plus largement le dossier qui sera soumis au Bureau des audiences publiques sur l’environnement.
La construction de ce réservoir permettra donc de corriger une erreur de conception historique dans le réseau du lac réservoir Kénogami alors que les exutoires étaient dotés d’une capacité inférieure aux possibilités d’apport d’eau provenant du territoire du Parc des Laurentides.
Roger Nicolet attire l’attention de la population sur une autre mesure du gouvernement du Québec pratiquement aussi importante que celle annoncée dimanche. Il s’agit de l’adoption d’une Loi sur la sécurité des barrages déposée par le ministre Paul Bégin. Cette loi, rappelle le président de la commission, a pour effet de placer tous les ouvrages du Québec sur le même pied au chapitre de la sécurité.
Réactions positives
L’annonce du gouvernement du Québec n’a jusqu’à maintenant provoqué aucune réaction négative majeure. Les différents groupes environnementaux de la région n’ont pas répliqué au projet Bouchard. Ils auront toutefois l’opportunité de se prononcer dans le cadre des audiences publiques sur l’environnement.
Le projet annoncé dimanche est moins ambitieux que le premier projet étudié par le gouvernement du Québec. Il s’agissait d’une combinaison d’ouvrage qui aurait permis de concentrer les débits de la rivière aux Ecorces vers le Pikauba dans un réseau d’au moins deux réservoirs.