Campagne électorale: ne pas mêler les cartes
Lundi 12 Septembre 2005
Campagne électorale: ne pas mêler les cartes
L’échéance électorale du 6 novembre prochain provoque une inquiétante psychose à l’hôtel de ville de Saguenay. Plusieurs incidents survenus en moins d’une semaine le confirment. Limitons nous à ceux qui touchent deux entreprises, Elkem Metal et Trionic, et à la sécurité des riverains du lac Kénogami et des rivières Chicoutimi et aux-Sables.
En recevant le nouveau bureau de direction de l’Association de protection du lac Kénogami (APLK), le maire sortant, Jean Tremblay, n’a considéré qu’un volet de cette affaire fort complexe: le maintien d’un plan d’eau permettant, durant tout l’été, les activités récréotouristiques. L’association et le premier magistrat savent pourtant fort bien que, sans la réalisation du projet Pikauba, cette condition est impossible à respecter sans compromettre la rentabilité d’Elkem Metal. La sécurité des milliers d’autres citoyens de Saguenay qui, à l’instar des riverains du grand lac, se sont établis, avec l’autorisation du ministère des Affaires municipales le long des rivières Chicoutimi et aux Sables, est elle aussi compromise.
Les plus ardents défenseurs de Kénogami ont tort de prétendre que le grand lac réservoir n’a inondé les propriétés situées en aval que durant le déluge de 1996. Selon les statistiques recueillies auprès du ministère de l’Environnement, la catastrophe s’est produite à 21 reprises, soit une fois tous les quatre ans, depuis la construction du barrage du Portage-des-Roches, en 1924 jusqu’à aujourd’hui. Quant au seuil d’inondation mineure, c’est-à-dire lorsque l’eau recouvre légèrement les terrains, mais sans envahir la nappe phréatique et les sous-sols, causant ainsi des dégâts importants, il fut atteint 25 fois !
Souhait unanime
Toute la population souhaite évidemment que les plaisanciers de ce merveilleux plan d’eau demeurant jusqu’au fond de baies artificiellement aménagées, après l’agrandissement du réservoir, puissent naviguer durant toute la belle saison. Mais à la condition que les autres communautés réparties sur les rives de ce bassin hydrographique ne soient pas torturées par l’angoisse à chaque printemps ou durant les périodes de pluies diluviennes… Car d’autres inondations majeures surviendront tant et aussi longtemps que la solution Pikauba ne sera pas appliquée ou que Québec n’aura pas réalisé son plan B, qui prévoit le dragage de la rivière aux Sables.
Quant à Elkem Metal, gagne-pain de 70 familles et dont l’exploitation est à l’origine annuellement 40 millions $ en retombées économiques dans la région -sept fois plus que le projet des croisières selon les prévisions les plus optimistes de Promotion Saguenay -son PDG, Pierre Gauthier, n’a-t-il pas raison de dénoncer la persécution dont l’entreprise chicoutimienne est la cible ?
Pourquoi veut-on lui imposer tout le fardeau de la proposition soumise par l’APLK, et entérinée par le maire, alors que la ville de Saguenay, avec Hydro-Jonquière et sa prise d’eau potable, ainsi que les multinationales Price et Alcan, exploitent également les deux grands déversoirs?
Trioniq
Un mot en terminant, et en toute impartialité, sur Trioniq, qui a fait l’objet d’insinuations mesquines parce qu’elle est la copropriété de Mireille Jean, candidate à la mairie.
Cette PME aux dimensions internationales ne fabrique pas des chaudrons ni des chaussons, mais de la haute technologie en informatique. Elle doit protéger ses travaux de recherche du plus grand secret pour prévenir l’espionnage industriel. Tout simplement parce qu’elle vend des concepts, du savoir-faire, des inventions.
La petite société détient 20 brevets internationaux et des licences exclusives pour réaliser ses objectifs. Son coup de maître un nouveau système intégré aux superordinateurs lui a rapporté récemment des millions de dollars. Le maire de Saguenay devrait lui décerner une médaille plutôt que de la discréditer.
Et pourquoi exiger des comptes de cette entreprise régionale exemplaire, comme si elle appartenait au secteur public ou qu’elle était l’objet d’un questionnement par les mécanismes de vérification de l’État ?