Un étude présente la pire catastrophe
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le vendredi 12 septembre 1997
Pour le lac Kénogami
Un étude présente la pire catastrophe
Laterriere – Il y a eu beaucoup d’eau, à l’été de 1996, dans le réservoir Kénogami; mais ce n’est rien à côté de ce qui nous attend en cas de crue maximale probable.
En effet, selon la première partie de l’étude qui doit tracer les balises pour la gestion future du lac-réservoir Kénogami, et dont les résultats ont été dévoilés hier, la crue maximale probable atteindrait 5200 mètres-cubes/seconde pendant une heure, soit deux fois plus qu’au pire des inondations de juillet, alors que les apports ont été de 2780 m3/s.
Avec de tels chiffres, le désastre de 1996 n’est qu’un avant-goût de ce qui arriverait si toutes les conditions de la crue maximale probable étaient remplies et c’est pourquoi le comité provisoire du lac-réservoir Kénogami et des rivières Chicoutimi et aux Sables attend avec impatience la seconde partie de l’étude, qui doit lui parvenir à la fin du mois d’octobre, portant sur les solutions qui permettront de contrôler ces crues.
Exceptionnel
Le président du comité provisoire, Paul Ruel, n’est pas apeuré par ces sombres prédictions puisque pour atteindre cette crue de 5200 m3/s, il faut la combinaison de deux situations exceptionnelles. Tout d’abord, elle suppose que le sol soit recouvert d’une quantité de neige telle qu’on en retrouve qu’à tous les 100 ans; et au printemps, il faudrait que la fonte de toute cette neige survienne rapidement et soit accompagnée d’une pluie décamillénaire (récurrence à tous les 10 000 ans) produisant, à elle seule, un apport de 3130 m3/s.
L’étude estime que la crue engendrée durerait environ trois jours et que le lac-réservoir Kénogami atteindrait son niveau maximum après 60 heures. A ce moment, la cote serait à 123 pieds, soit huit pieds de plus que l’ancien niveau maximum d’exploitation du réservoir qui, avant les travaux de la commission Nicolet, était de 115 pieds (il a été abaissé à 113,5 cet été), et une vague de trois pieds passerait par dessus la crête du barrage.
«Combiner ainsi un phénomène qui n’arrive qu’à tous les 100 ans à un autre qui n’arrive qu’à tous les 10 000 ans fait en sorte qu’il est peu probable qu’on assiste à une telle crue un jour. Mais quoiqu’il en soit, les ouvrages seront réaménagés pour y faire face», analyse Paul Ruel.
Cette étude, qui est financée par Hydro-Québec, Elkem Métal, Abitibi-Consolidated a été réalisée par Hydro-Québec, l’INRS-Eau, le ministère de l’Environnement et de la Faune (MEF), la firme CDZ-Environnement et le Groupe Conseil Lasalle.
Solutions
Maintenant qu’on connaît toute l’étendue du problème, on doit s’attaquer aux solutions; et c’est là le mandat qu’a reçu le consortium Génivel, BPR et Tecsult, qui doit réaliser une étude de faisabilité portant sur la conception d’ouvrages hydrauliques destinés à gérer ces crues extrêmes de façon sécuritaire.
L’étude portera sur trois grandes options, dont la première est la réduction du volume des apports dans le lac Kénogami par la création de réservoirs en amont pour emmagasiner les crues.
Cette solution, note Paul Ruel, aurait le double avantage d’éliminer les risques de crues incontrôlées dans le lac Kénogami en plus de constituer une réserve d’eau pour l’alimenter pendant les périodes de sécheresse comme on l’a vécu cet été.
La deuxième solution est la dérivation de ces crues extrêmes en aménageant des exutoires vers le Saguenay (on songe même à un tunnel) et la troisième hypothèse serait d’augmenter les capacités d’évacuation des exutoires naturels du lac-réservoir Kénogami, les rivières Chicoutimi et aux Sables, par des travaux d’aménagement.
Lorsqu’on aura toutes les conclusions des études, on saura ce qui adviendra de la gestion du réservoir Kénogami et surtout, des besoins d’évacuation de la rivière Chicoutimi, ce qui permettra de débloquer le réaménagement du Bassin à Chicoutimi.