le vendredi 10 janvier 2014

Les gestionnaires de barrage

La Rivière aux Sables ne remplit pas sa mission

Dix huit ans après le déluge du Saguenay, le gouvernement du Québec, Saguenay et Produits forestiers Résolu (PFR) ne peuvent garantir la sécurité des riverains du Lac Kénogami. En effet, certains aménagements présents sur la Rivière-aux-Sables ne sont pas en mesure de recevoir les débits maximums de 650 mètres cubes/seconde établis dans le Plan de gestion de ce bassin qui fait suite aux recommandations de la commission Nicolet.

Cet étonnant constat fait par le Comité de bassin du Lac Kénogami survient après que le gouvernement du Québec eut investi dans
des travaux de 50 M$ depuis 1996 pour le rehaussement des digues du Lac Kénogami (35 M$) et le creusage de la Rivière-aux-Sables (15 M$). L’objectif de ces travaux est d’augmenter la capacité du lac Kénogami à absorber des crues importantes en partageant, entre autres, les débits entre les rivières Chicoutimi et aux Sables. Selon le plan de gestion, les deux rivières doivent être capables d’évacuer 960 mètres-cubes d’eau à la seconde, soit 310 m3 via le barrage Portage-des-Roches et 650 mètres-cubes par la Rivière aux Sables. Les travaux exécutés visaient à permettre de faire passer la capacité d’évacuation de la Rivière-aux-Sables de 170 mètres-cubes qu’elle était lors du déluge de 1996, à 650 mètres-cubes.

Test échoué

Or, les pluies importantes qui se sont abattues sur le Saguenay du 1er au 3 juin 2013 ont permis d’allumer des lumières rouges auprès des gestionnaires de barrages. La gestion du lac Kénogami par le Centre d’expertise hydrique du Québec avait alors été critiquée et certains citoyens s’étaient plaints dans les pages du Quotidien. À cette occasion, des craintes pour la piste cyclable le long de la Rivière-aux-Sables avaient forcé les policiers de Jonquière à intervenir. Rio Tinto Alcan avait constaté des dommages causés par l’érosion au pied des piliers du pont de la Chute-à-Caron. Un ancien transformateur électrique vestige du déluge de 1996, propriété de Résolu, avait été découvert dans le lit de la rivière. Des travaux avaient même été rendus nécessaires en aval du pont Nelson en raison des risques de décrochage du terrain dû au rétrécissement de la rivière derrière des propriétés de la rue Perron.

Pendant cette fin de semaine, le Centre d’expertise hydrique du Québec avait utilisé la capacité maximale d’évacuation du barrage Portage-des-Roches tandis que l’exutoire de la Rivière-aux-Sables n’a évacué que 400 m3/seconde sur les 650 possibles, causant tout de même certains dommages.

Ces événements ont fait ressortir des éléments nouveaux dans le dossier. Parmi eux, il y a le fait que le Centre d’expertise hydrique du Québec est limité dans sa gestion du Lac Kénogami, puisqu’il ne connaît pas la capacité d’évacuation validée et le niveau de rupture des ouvrages situés en aval. Il s’agit du barrage de la Jonquière appartenant à Hydro-Jonquière ainsi que du barrage Joseph-Perron appartenant à Résolu, tous aménagés sur la Rivière-aux-Sables. Une consultation du Répertoire des barrages du Centre d’expertise ne permet pas d’obtenir les informations concernant la capacité d’évacuation maximale du barrage d’Hydro-Jonquière, ni le niveau de conséquence d’une rupture.

Selon Geneviève Lebel, porte-parole du ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs, si ces informations cruciales n’apparaissent pas pour l’un des deux barrages, c’est qu’elles n’ont pas été établies et validées par un ingénieur mandaté par le propriétaire du barrage, soit Hydro-Jonquière.

Il s’agit de données essentielles puisque lors du déluge survenu en 1996, le secteur du centre-ville de Jonquière avait subi des dommages importants causés par l’érosion en amont de ces barrages qui avait emporté un immeuble résidentiel HLM complet, menaçant même un immeuble privé pour personnes âgées. Le niveau du lac Kénogami, qui atteignait 166.07 pieds, avait forcé l’évacuation de milliers de pieds-cubes via les barrages Pibrac est et ouest ainsi que Portage-des-Roches avec les dégâts qui s’en sont suivis.