le mardi 1 septembre 1998

Sur la rivière aux Ecorces

L’idée d’un barrage évolue rapidement

Jonquière – La très vieille idée lancée à l’époque par le Dr Henri Vaillancourt, alors maire de Jonquière, de réaliser un barrage sur la rivière aux Écorces dans le Parc des Laurentides évolue beaucoup plus rapidement que prévu et le ministre Jacques Brassard n’a pas caché qu’Hydro-Québec avait entrepris les relevés techniques sur le terrain.

Le gouvernement du Québec attend-t-il la période préélectorale pour annoncer le projet? La question évidemment fait sourire Jacques Brassard qui a tout de même pris le temps de discuter de l’envergure de ce projet. Sur le plan légal, puisqu’il s’agit d’un projet qui pourrait produire plus de 50 mégawatts d’électricité, la société d’Etat Hydro-Québec a un droit de premier refus et si jamais la réalisation de l’ouvrage s’avérait rentable, Hydro-Québec ne cédera pas ce droit.

«Puisqu’il s’agit d’une solution envisagée pour mieux contrôler tout le système du lac Kénogami, pourquoi ne pas profiter de l’occasion pour le financer avec l’aménagement d’une ou deux centrales. On parle dans ce cas d’un potentiel, en raison de la dénivellation, de l’ordre de 180 mégawatts», a précisé Jacques Brassard, tout en mentionnant qu’il s’agissait d’évaluations préliminaires.

Un début

Même si Hydro-Québec n’est qu’en début d’évaluation, le ministre en savait assez pour spécifier que l’une des alternatives consistait à aménager un seul ouvrage sur la rivière aux Ecorces tout en récupérant, par un système de digues, le débit de la rivière Picauba.

Le président d’Hydro-Québec a déjà rencontré les représentants du gouvernement du Québec pour discuter de ce projet pour le moins intéressant. La construction d’une centrale de production de 180 mégawatts non loin des centres de consommation comporte son lot d’avantages comparativement aux projets réalisés au nord du Québec.

Les conséquences

Quant aux impacts environnementaux, Jacques Brassard mentionne que le projet, si jamais Hydro-Québec décide d’aller de l’avant, sera soumis au processus de consultation publique sur l’environnement. D’autre part, le projet serait présenté comme étant une mesure de sécurité publique comme l’identifiait la Commission scientifique et technique dirigée par Roger Nicolet. Le contrôle en amont des crues permettrait effectivement de mieux gérer le système de barrages du lac Kénogami construit de façon archaïque et contraire à la logique élémentaire avec un goulot d’étranglement à l’exutoire de la rivière Chicoutimi.

La sécurité

D’autre part, en aménageant une centrale à cet endroit, Hydro-Québec apporterait une mesure de sécurité additionnelle à son système de distribution pour la région de la capitale. Les évaluations sur la sécurité du système d’Hydro-Québec par les experts démontraient une faiblesse dans cette région de la province en raison de l’absence de centre de production d’hydroélectricité.

Le député de Lac-Saint-Jean n’a pas été en mesure d’avancer de chiffres relativement aux coûts de ce projet. Toutefois, selon certaines évaluation très sommaires déjà lancées publiquement depuis la sortie du rapport de la Commission scientifique et technique sur les barrages, il était question de travaux de l’ordre de 300 millions $.

Historique

Le projet de construire un barrage sur la rivière aux Ecorces ne date pas d’hier. Bien avant les inondations de juillet 1996, des personnalités politiques avaient défendu cette idée. Ce fut le cas de Paul-André Cantin, candidat défait à la mairie de Jonquière.

Joint chez lui hier, l’ex-député de Jonquière, Francis Dufour, a confirmé que le Dr Henri Vaillancourt, lors de l’un de ses passages à la mairie, avait sérieusement envisagé la construction de ce barrage.

«La ville de Jonquière voulait trouver une solution pour sa prise d’eau. Le maire Vaillancourt, à ce que je me souvienne, voulait construire un barrage pour aménager la prise d’eau et profiter de l’occasion pour construire une centrale hydroélectrique. Ce n’est pas un nouveau projet», a rappelé M. Dufour.

Lors de la Commission scientifique et technique sur les barrages, le maire Marcel Martel avait soulevé un certain émoi en présentant à nouveau cette solution pour améliorer la gestion du réservoir Kénogami. Il faut dire qu’au lendemain des inondations, les citoyens n’étaient pas véritablement d’humeur à entendre parler de la construction de nouveaux ouvrages.