le vendredi 1 août 1997
Lac Kénogami
Pas question de hausser le niveau des eaux
Si les riverains du réservoir Kénogami en ont marre de patauger dans la boue, ils devront apprendre la danse de la pluie car il n’est pas question de fermer les pelles des barrages de Portage-des-Roches et de Pibrac.
En effet, comme l’expliquaient, hier, les porte-parole du Comité provisoire du lac-réservoir Kénogami et des rivières Chicoutimi et aux Sables, les gestionnaires du réservoir sont soumis à des ententes contractuelles avec les producteurs d’électricité installés sur ses deux exutoires, Elkem Métal (rivière Chicoutimi) et Price (aux Sables), ce qui les oblige à maintenir un débit totalisant 42,5 mètres-cubes à la seconde dans les deux rivières. Puisque ces débits minimums sont supérieurs aux apports naturels dans le réservoir, le niveau du lac baisse depuis des jours, au grand dam de ses utilisateurs.
«C’est dommage mais on ne peut rien y faire, car nous vivons une année transitoire», expliquait, hier, le vice-président du comité provisoire, Daniel Côté.
Le point
Au cours d’une rencontre où il a fait le point sur les travaux de son comité, M. Côté, qui représente Hydro-Québec, a rappelé que le problème vécu cet été n’est pas nouveau. D’ailleurs, lors de l’été exceptionnellement sec et chaud de 1995, les riverains du lac Kénogami avaient vécu une situation semblable qui les avait même forcés à retirer leurs grosses embarcations du lac à la mi-août.
L’été suivant, on s’en souvient, ce fut le déluge et on a alors reproché au gestionnaire de maintenir le niveau du lac trop élevé, comme quoi rien n’est parfait et la nature est imprévisible.
D’ici à ce que les experts trouvent une solution à long terme pour satisfaire tous les utilisateurs du réservoir, chacun devra vivre avec les inconvénients et surtout, avec un niveau maximal de gestion plus bas que celui adopté en 1982; niveau qui a comme effet souhaitable d’éviter de nouveaux débordements, mais comme conséquence indésirable d’enlever une bonne partie des réserves en cas de sécheresse.
Avant le déluge, le niveau maximal d’exploitation du réservoir Kénogami pendant la période estivale était de 115 pieds. Après ses audiences, la Commission Nicolet avait suggéré de l’abaisser à 112,82 pieds mais en juin, le ministre de l’Environnement David Cliche acceptait de le hausser à 113,47 pieds, à la suite d’une résolution adoptée par le comité provisoire lors de sa première réunion officielle le 17 juin.
«Heureusement, note Daniel Côté; car sinon, les riverains du réservoir auraient manqué d’eau trois semaines plus tôt.»
Pour convaincre le ministre de hausser le niveau maximum du lac Kénogami d’environ huit pouces, le comité a fait la démonstration que les outils de gestion et d’opération des deux barrages sont plus efficaces qu’à l’époque du déluge.
Solutions
Quoiqu’il en soit, les membres du comité sont bien conscients -et les événements actuels le démontrent bien- qu’aucun plan de gestion ne pourra permettre de satisfaire tous les utilisateurs du lac réservoir Kénogami tant que des investissements majeurs ne viendront pas solutionner ses problèmes d’évacuation ou d’approvisionnement.
C’est pourquoi son principal mandat est de réviser la problématique du réservoir afin de recommander au ministre les options techniques qui s’offrent.
Ce peut être la construction d’un ouvrage en amont qui retiendrait les eaux de la rivière aux Écorces qui se déversent normalement dans le réservoir Kénogami. Un tel barrage permettrait de diminuer les crues et servirait de réserve pour s’assurer que le réservoir Kénogami est alimenté en eau pendant les périodes de sécheresses.
Ou encore, on construit de nouveaux exutoires au réservoir qui permettraient d’augmenter son niveau maximal de gestion car en cas de crues, on pourrait évacuer les eaux rapidement sans débordement comme celui de juillet 96.
Les membres du comité, qui représentent 17 organismes dont les industries, les municipalités riveraines, le gouvernement québécois et les résidents, se sont donné jusqu’à leur prochaine réunion, à la mi-septembre, pour déterminer que devraient être les niveaux de gestion maximal et minimal idéals du réservoir Kénogami.