Samedi le 3 Septembre 2005

Elkem Métal crie à l’aide

JONQUlÈRE (MG) – Lasse de porter l’odieux du faible niveau d’eau du lac Kénogami, Elkem Métal lance un véritable cri à l’aide à l’endroit du gouvernement provincial. 
Sans la collaboration de celui-ci,précise le directeur général, Pierre Gauthier, l’entreprise qui fournit de l’emploi à 71 travailleurs dans la région pourrait éventuellement se retrouver dans l’obligation de fermer portes. Filiale du conglomérat Norvégien Elkem ASA, la division chicoutimienne spécialiste dans la production de ferosilicium n’a pas atteint le seuil de rentabilité fixé par son bureau chef depuis deux ans. Le faible niveau d’eau du lac jonquiérois, enregistré au cours de l’été 2005, constitue la goutte qui fait déborder le vase pour Elkem.
Plan de gestion serré 
Productrice d’environ 240 000 MW/H d’énergie par année à partir de sa centrale de la rivière Chicoutimi, la consommation d’Elkem oscille autour de 280 000 MW/H. L’écart nécessite donc l’achat de 40000 MW/IH au tarif L d’Hydro-Québec. L’énergie chemine par le réseau de transport d’Alcan au Saguenay Lac-Saint-Jean. Or, depuis le déluge de 1996, Elkem doit fonctionner avec un plan de gestion du réservoir du lac Kénogami lui laissant très peu de marge de manoeuvre. Au cours des neuf dernières années, la compagnie n’a pas été en mesure d’atteindre le niveau minimum d’eau fixé, soit 163,2 mètres, à sept reprises. En vertu de ce plan et étant donné les conditions de sécheresse connues cet été, Elkem produit  actuellement à peine 27 pour cent de sa capacité installée. Ce manque à gagner engendre d’importantes dépenses supplémentaires pour l’entreprise. A l’heure actuelle, le niveau d’eau du lac se situe autour de 162,2 mètres, du jamais vu depuis l’adoption du premier plan de gestion estival en 1982. «Il est déjà très coûteux pour Elkem de participer, année après année, à l’application du plan de gestion estival actuel qui, comme on peut le voir en ce moment, n’est pas suffisant en période d’extrême sécheresse. Le problème de manque d’eau cet été n’est pas unique au lac Kénogami. Il devient opportun de se poser la question : Est-ce à Elkem seule de payer les coûts reliés à un été très sec?» s’interroge Pierre Gauthier.
Intervention politique requise  
Selon lui, l’ire des riverains du lac Kénogami, lesquels pointent Elkem du doigt pour le manque d’eau, ne contribue en rien à régler le problème. «Certains politiciens municipaux essaient de nous faire porter le chapeau. Nous nous sentons un peu seuls là-dedans. Nous ne gérons pas le lac et on ne peut rien faire de plus. Je comprends les riverains et la situation est très désolante. Par contre, la solution n’est pas de fermer les machines et les pelles. Ça prend une intervention politique. Le gouvernement doit agir», réclame Pierre Gauthier. Rappelant l’échéance, le 31 décembre prochain, de l’entente sur les droits d’eau conclue avec le ministère de Ressources naturelles, le président implore Québec d’agir afin que puisse être évité le pire. «L’énergie est notre raison d’être ici au Saguenay Lac Saint-Jean. Si les droits d’eau ne sont pas renouvelés, ce sera impossible de continuer à faire affaire ici», se résigne Pierre Gauthier. Rappelons que le gouvernement provincial a l’intention de forcer la grande entreprise à investir dans ses installations québécoises à long terme, si elle souhaite conserver ses privilèges hydroélectriques.

La Pikauba réglerait les problèmes

par Mélyssa Gagnon

JONQUIÈRE (MG) – La direction d’Elkem Metal privilégie toujours la construction d’un barrage sur la rivière Pikauba afin de solutionner les problèmes engendrés par la gestion du niveau d’eau du lac Kénogami. En conférence de presse hier, le président directeur généraI de la division chicoutimienne d’Elkem, Pierre Gauthier, a rappelé que cette option est privilégiée par l’entreprise depuis 1997. La construction d’un nouveau barrage permettrait, selon lui, de soutenir le niveau d’eau l’été, en plus de garantir la sécurité des riverains en période de crue maximale. Il est à noter que le gouvernement québécois a récemment abandonné l’idée de construire un ouvrage de retenue des eaux sur la rivière Pikauba, un projet évalué à une centaine de millions de dollars.

Pas les moyens

Inquiète des répercussions que pourrait avoir la diminution de la ressource hydroélectrique sur ses activités en région, Elkem affirme qu’elle n’a pas les moyens de «régler le problème récréotouristique au lac Kénogami». «On ne fait pas partie des solutions et on ne peut pas en faire plus. Malgré le taux de change défavorable, le coût élevé des matières premières, les exportations des pays d’Asie et les coûts de transport, nous faisons tout pour demeurer opérationnels. L’énergie étant le nerf de la guerre dans ce dossier, ça inquiète notre corporatif», met en relief M. Gauthier. Entre autres solutions afin de remédier au problème du lac Kénogami, le patron d’Elkem propose l’augmentation du niveau minimal du cours d’eau. Il suggère un retour aux barèmes d’avant le déluge de 1996, soit 164,15 mètres.